vendredi 1 janvier 2010

N° 50 : One night at the Patch Club (Stone City Band, Funkapolitan, Prince Charles and the Funky Beat...)

Set non disponible



Merci de votre fidélité croissante au blog de DJ Bertrand, votre hôte. Ce DJ Bertrand là n'est pas né en 1971 (auquel cas il accuserait 10 ans de moins et s'en trouverait fort réjoui) et n'a jamais failli devenir une rock star. Sa première tentative de mini-concert à l'âge de 15 ans a tourné au fiasco. Voulant frimer devant les filles en gesticulant lors de son premier solo de guitare, il marcha malencontreusement sur le câble qui la reliait à l'ampli ! Carrière terminée.


Nouveau set hommage au Patch Club avec 45 premières minutes très représentatives de l'ambiance et du style que l'établissement avait su imposer à une clientèle finalement flattée de se voir proposer une programmation assez avant-gardiste.

Comme le rapportait sur ce blog mon ami DJ Pierre, DJ historique du Patch Club, la réputation de l'endroit avait largement dépassée les frontières du Val de Marne à tel point que Fabrice Emaer, fondateur du Palace, en connaissait même l'existence.

Dépourvu de "carré VIP" (l'endroit était trop exigu pour se le permettre), le Patch Club n'avait pas l'honneur de recevoir des "people" mais son atmosphère sécurisante était un must pour la jeunesse dorée de La Varenne (le quartier chic de l'Est parisien).
Jamais aucune affaire de drogue ni aucune rixe ne vint entacher la réputation de l'établissement !

Singularité amusante, le Patch Club était doté de 2 petites salles en hauteur dont une salle de ping-pong où les clubbers pouvaient se défouler ou récupérer en profitant, en fond musical, de l'ambiance de la piste du bas.

Tout comme au Palace, le DJ se permettait de casser subitement le rythme en diffusant des extraits de concerts ou de films pendant quelques instants avant de repartir de plus belle sur un nouveau concept musical.
Phénomène rare, des 1/4h rock ou slow ajoutaient à l'atmosphère chaleureuse de l'endroit et les soirées se terminaient souvent vers 4h30 par une longue série jazz-funk destinée aux vieux habitués et piliers de bar qui profitaient enfin d'une piste plus fluide.

La plupart des titres que vous aller entendre seront une énigme pour vous. Certains n'ont été des hymnes que dans cette seule discothèque française.
Le disque le plus joué de l'histoire du Patch Club est sans conteste "How do you do?" d'AL HUDSON & THE SOUL PARTNERS.
Beaucoup vont se demander comment on peut remplir une piste avec un titre aussi spécifique ? la seule réponse est "C'était le Patch, ça ne s'explique pas".
Tout cela rejoint mon opinion selon laquelle "la culture, ça s'impose" ; les gens finissent toujours tôt ou tard par être conquis par ce qui n'est pas évident à la première écoute et en redemandent par la suite. Il faut juste avoir le courage de voir sa piste se vider lors du lancement de nouveautés.
Les Larry Levan et autres Frankie Knuckles ont, eux aussi, affronté parfois cette sorte d'humiliation.
Il y a plus d'honneur à se risquer à faire découvrir et faire aimer des titres inédits et audacieux que de jouer petit bras comme un DJ de soirée de mariage.


1/ PRINCE CHARLES & THE CITY BEAT BAND "Beat the bush" : un groupe de pur funk dans la lignée de Gap Band ou Grand Master Flash.
Utilisant des voix vocodées comme il est de mise dans ce style, ce maxi extrait de l'album "Stone Killers" (1983) est sans doute très confidentiel pour le grand public mais ce fut pourtant un tube majeur du Patch Club.

2/ WAS (NOT WAS) "Tell me that i'm dreaming" : le premier titre funk utilisant la mandoline !
Ce groupe syncrétique de Detroit, friand de la fusion des genres, oscillait en permanence entre rock, jazz et funk.
Doté d'un son gras et lourd, ce maxi extrait de l'abum "Out come the Freaks" (1981) inflige un riff de guitare d'une maestria rarement égalée, appuyée par une basse largement mixée devant.
Véritable brûlot anti-Reagan (l'homme qui tua le disco !), il sample un extrait de l'un de ses discours (Etat de l'Union - 1981).

3/ ROD "Just keep on walking" : en 1981, Rod (diminutif de son vrai nom Rod Niangandoumo) se fait connaître en France avec le très "plan-plan" "Shake it up (do the Boogaloo)". Cet artiste produit par Charles Ibgui, PDG du label Atoll et important éditeur parisien, connait l'honneur d'être signé sur le prestigieux label Prelude Records.
François K, producteur et directeur artistique du label, règle le thermostat de la piste au maximum pour ce "Keep on walking" absolument prodigieux.

4/ GQ "Disco nights (Rock Freak)" : arrangé à la perfection, c'est pratiquement le seul hit de ce groupe multi-compilé, un titre qui atteindra la 1ère place du R'n'B singles charts américain en 1979.
En 1981, "Shake" sera le seul autre titre du groupe qui sera joué au Patch.

5/ THELMA HOUSTON "If you feel it" : pour beaucoup, Thelma Houston se résume à un single, "Don't leave me this way".
Les puristes, eux, savent que ce "If you feel it", titre à la slap basse hargneuse, rivalise largement en qualité... mais il n'est pas entré dans l'Histoire.

6/ THE STONE CITY BAND "Ladies choice" : la formation de Rick James, véritable sauveur d'un label Motown en pleine déconfiture !
A la fin des années 70, devenu trop policé pour son époque, le label de Detroit s'essouffle. Berry Gordy a l'idée de signer Rick James, autodidacte aux influences multiples (jazz, rock, R'n'B...) pour insuffler une nouvelle dynamique au label.
Lors des tournées du Stone City Band, Prince, encore inconnu, assure même certaines premières parties.

En 1980 sort Street Songs", album sur lequel figure le titre "Give it to me baby", tube planétaire qui renflouera largement le tiroir-caisse de la Motown.

En 1983, "Ladies choice" représente en quelque sorte l'apothéose du style funk-rock inventé par Rick James et sa bande.

Hélas, dépassé par le succès, Rick James connaitra la descente aux enfers (drogue, prison...).

Réapparu furtivement en 1988 grâce au mix house de "Loosey's rap" réalisé par Steve Silk Hurley, il décédera en 2004 dans l'indifférence générale.

7/ FUNKAPOLITAN "As the time goes by" : produit par August Darnell (le chanteur-fondateur de Kid Creole & The Coconuts et, plus anciennement, du très décalé Dr. Buzzard's Original Savannah Band), ce titre de funk anglais fut de manière tout aussi surprenante un tube du Patch Club. Je ne sais pas si plus d'une dizaine de boîtes en France l'ont également programmé !

8/ PLEASURE "Take a chance" : la quintessence d'un funk mâtiné de jazz ! Le genre de morceau que l'on réservait à cette clientèle plus élitiste en fin de soirée.
Et dire que j'avais découvert ce titre magique dans l'émission "Destination Planète 7" animée par Smith & Wesson sur Radio 7, première radio FM du réseau public créée pour les jeunes en 1980.
Ce genre d'émotion ne risque pas de se reproduire sur les radios FM "ladygagatisées" qui encombrent le paysage actuel. Mais sans doute que je suis un vieux machin qui n'a pas su évoluer avec son temps.
Heureusement qu'en matière de cinéma, les œuvres de Hitchcock ou Fellini ne sont pas considérées comme de vieilles reliques.

9/ PRINCE "Erotic city" : en 1981, j'ai loupé le premier concert parisien de ce génie du funk sur la scène du Palace. J'aurais pu observer un étrange personnage vêtu simplement d'un slip et de bas à jarretelles !
"Erotic City" est une simple face B du tube "Let's go crazy", extrait de l'album"Purple Rain".
Redoutable machine à faire danser, c'est la voix suave et sensuelle de Sheila E. qui contrebalance l'atmosphère d'une froideur implacable.

10/ THE JETS "Crush on you" : en 1986, quand ce disque est sorti, le Patch n'existait déjà plus. Il n'aura pas pu tester l'impact de la house sur ce qui lui restait de clientèle.
Le Patch Club est mort lentement, en douceur, laissant ses derniers clients comprendre que la décoration vieillissante, délabrée signifiait les prémices d'une fermeture imminente.
Quant à ce titre des JETS, son break a longtemps suscité en moi l'envie de le placer dans une composition. C'est en 2000 qu'Alan Braxe et Fred Falke trouvent l'ouverture la plus simple en construisant une rythmique originale et une ligne de basse disco autour du sample ("Intro").

11/ TEMPER "No favors" : titre de 1984 extrêmement rapide pour l'époque (128 BPM), il n'était pas évident de l'inclure dans une programmation, alors il finissait souvent les séries funk avant les traditionnels 1/4h rock ou slow.

12/ DESARAÉ WILD “Give me the rhythm” : le premier maxi estampillé Strictly Rhythm qui ait rejoint ma discothèque...et le deuxième officiellement sorti par le label new-yorkais. Comme quoi je n'ai pas perdu de temps à être contaminé par le virus Strictly Rhythm !

Encore très connoté "early house", il dessine avec ses accords de piano jazzy les traits d'un style New Jersey Garage naissant.

13/ 2 IN A ROOM "Take me away" : un mix assez sale de Junior Vasquez qui utilise la voix de Loleatta Holloway.
En 1991, les producteurs français de BOND 55 reprendront le gimmick de violons pour le tube "Rave on me" largement programmé dans mes Skyrock Top Dance Megamixes.

14/ TKA "Crash (Have some fun)" : un titre composé par le belge Frank de Wulf (sans doute l'un des meilleurs producteurs de son pays) et sorti sur le label électro new-yorkais Tommy Boy en 1990.

La semaine prochaine, retour du cool tempo afin de récupérer un peu des festivités de fin d'année.

1 commentaire:

  1. Woaouh... un set de qualité ! Et toujours tes commentaires pertinents pour bien apprécier et comprendre l'histoire de ces morceaux funky.

    Pour la première fois - enfin - j'entends ce "just keep on walking" en presqu'intégralité ! Calé au milieu d'un mix DMC (je ne saurai dire quelle année) je l'ai toujours trouvé explosif, mais hélas il durait à peine une minute. Alors l'entendre à nouveau ici, woaouh quelle bonheur. Le titre suivant "disco nights" doit également figurer dans une sélection DMC, normal pour un hit. Enfin tu termines par une programmation à la Maxximum, royal.

    Bref, un excellent mix-hommage.

    4IDz

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