S'exilant à N.Y. en 1975, il gravit rapidement les échelons, devenant le directeur artistique du prestigieux label Prelude Records et remixant des groupes pop-rock légendaires tels que U2 ou INXS. Producteur éclectique, la touche jazzy et le soin particulier qu'il apporte à ses mixes lui confèrent une grande respectabilité.
De Rodez à New-York
Ce ruthénois d'origine arménienne aurait pu devenir pharmacien ou ingénieur-chimiste. Sa passion pour la batterie va l'amener à quitter la France dès l'âge de 21 ans pour rejoindre New-York avec trois sous en poche.
Très vite, il met ses talents de batteur au service du Galaxy 21, club où officie le célèbre Walter Gibbons, D.J. remixer spécialisé dans les dubs inspirés de la musique jamaïcaine (effets d'écho, phasing de pistes...) et surtout auteur du remix du premier maxi-single commercialisé dans l'histoire, "Ten Percent" des DOUBLE EXPOSURE. Comme cela se fait couramment aujourd'hui, l'idée est de valoriser le set du D.J. avec un vrai musicien qui joue sur les disques.
Mais Gibbons voit d'un mauvais œil cette intrusion dans son travail et il fera tout pour écœurer le jeune François en lui imposant de jouer breaks sur breaks. C'est sans connaître la pugnacité du "frenchy" qui, ayant appris les "patterns" de tous les disques du moment, ne tombera pas dans le piège tendu.
John "Jellybean" Benitez : la rencontre décisive
A la fermeture définitive du Galaxy 21, Francois K devient un simple larbin au club Experiment Four où officie un certain John "Jellybean" Benitez. Les deux hommes sympathisent très vite et Benitez, qui possède un magnéto à bande 4 pistes, lui inculque la technique de l'"editing". Francois commence alors à concevoir des medleys qu'il couche sur un acétate (support pouvant être lu par le diamant d'une platine en lieu et place d'un vynil) et qu'utilise avec délectation Benitez dans ses sets. Reconnaissant, ce dernier lui donnera sa chance aux platines du club et Francois K réalisera alors que son travail d'obscur besogneux ne peut rivaliser avec l'aura du disc-jockey.
L'homme providentiel du label Prelude
Gagnant de nombreux concours de DJ's grâce à ses medleys acclamés par le public, François K se voit proposer en 1978 le poste de Directeur artistique au sein d'un label indépendant new-yorkais, Prelude Records. Son premier remix, "Push, push, in the bush" de MUSIQUE décroche le jackpot. Suivront d'innombrables hits dont :
- UNLIMITED TOUCH "I hear music in the street"
- SHARON REDD "Beat the street"
- D-TRAIN "You're the one for me"
- THE STRIKERS "Body music"
- FRANCE JOLI "Gonna get over you"
Un D.J. remixeur très convoité
De 1982 à 1983, François K devient guest D.J. dans les plus grands clubs de la ville (The Loft, Studio 54, Zanzibar, Better Days) et collabore notamment avec Larry Levan au Paradise Garage.
Courtisé par de nombreux groupes pop-rock soucieux de leur promotion en club, il réalise des remixes pour Eurythmics, Inxs, U2, Pet Shop Boys, The Cure ou Kraftwerk.
Créant son studio d'entregistrement, Axis, il accueille des artistes telles que Madonna ou Mariah Carey.
Son fait d'armes sera de devenir l'ingénieur du son de l'album de Depeche Mode le plus vendu à ce jour, Violator (1990).
François K, l'éclectique
En 1994, il crée son propre label, Wave Music, souhaitant donner la part belle à des titres plus élitistes aux sonorités jazzy et soulful. Son F.K. E.P. est considéré comme son album personnel le plus abouti.
En 1996, il organise avec Danny Krivit et Joe Claussell les après-midi BODY & SOUL au Club Vynil de Manhattan, la réunion dominicale de tous les amateurs de soulful house.
Cinq compilations éponymes témoignent de la qualité de la programmation.
En 2003, il crée au club Cielo de N.Y. les soirées Deep Space, sorte de grand melting-pot des styles dubstep, hip-hop, reggae, drum & bass, techno ou disco.
Les mixes à découvrir absolument
- SHARON REDD "Can you handle it"
- BOBBY THURSTON "You've got what it takes"
- L.A.X. "All my love"
- TOM & JOYCE "Vai minha tristeza"
- ABSTRACT TRUTH "Get another plan"
- ARMSTRONG S.A. "Tout est bleu"
- MOLOKO "The time is now"
- CESARIA EVORA "Sangue De Beirona"
Merci pour cet article. J'ai découvert recemment une de ses compil "Choice : A collection of Classics" dans laquelle il passe avec beaucoup de classe d'une époque à l'autre. J'y ai notament découvert avec plaisir la version "Can you handle it" de Sharon Redd que je ne connaissais pas et dont tu parles.
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