vendredi 15 février 2013

N° 180 : Unforgettable 80's


Set non disponible

Dans cette galerie marchande huppée du centre de Paris, je passais des jours tranquilles, trônant fièrement sur une étagère baignée de la lumière de quelques spots d'un blanc intense.
Un soir, quelqu'un pointa son doigt dans ma direction, une main me saisit alors et voilà que je me retrouvai serré parmi d'autres voisins d'infortune dans un sac aux relents de polyéthylène.

Après un court voyage, assis sur la banquette passager d'une voiture de sport, on m'extirpa de ma prison pour me poser à plat sur une grande table, écrasé par mes voisins comme une tranche de salami dans un sandwich cellophané.

La lumière revint enfin, mais blafarde. Celui qui m'avait désigné une heure plus tôt s'empara de moi, m'arrachant ma parure plastifiée.
Il m'extirpa de ma couverture douillette et me posa sur une étrange machine.
Je sentis comme un chatouillement dans les plis de ma chair. Un objet pointu me parcourait le ventre. Une musique rythmée retentit alors et voilà que l'étrange kidnappeur commençait à hocher de la tête comme un chien sur la plage arrière d'une vieille Peugeot 404. Dix secondes n'étaient pas passées, qu'il enleva la pointe pour la reposer brutalement quelques millimètres plus loin sur mon corps. Il recommença son geste, mais cette fois-ci l'objet contondant sursauta sur mon ventre et me griffa. Quelle brute !
M'empoignant d'une seule main, il me retourna aussitôt pour exercer le même rituel sur mon dos.
Après d'interminables secondes de souffrance, je retrouvais enfin mon enveloppe protectrice. A quoi avait servi tout ce manège ?

Bientôt, voilà qu'il me colla une étiquette blanche sur la figure ! quoi ! une étiquette qui venait souiller mon enveloppe majestueuse et scintillante ! sacrilège !
Il y inscrivit un mot étrange, "FUNK", suivi de quatre petites étoiles. Que signifiait ce code ? mon genre, mon origine ? et ces étoiles ? que représentaient-elles ? ma valeur ? mon rang ?
J'observais avec inquiétude tous mes voisins subir le même sort avant de me rejoindre, classés comme moi à la verticale sur le côté droit d'un meuble.

Le silence rompit brutalement cette ambiance sonore saccadée qui s'était installée. Ce lieu en sous-sol dans lequel j'étais prisonnier était désormais plongé dans le noir.
Trois jours et 3 nuits durant, rien ne se passa. L'endroit empestait le tabac froid et l'humidité commençait à m'envahir doucement. J'avais peur. Étais je condamné à croupir ici pour le reste de mes jours ?

Le quatrième soir se produit un événement étrange. Un bruit de pas rapides vint de l'escalier. Mon geôlier était de retour. De petites lumières, puis de grands spots virevoltant et clignotant s'allumèrent aussitôt. Une musique retentit, mais cette fois-ci l'homme pressé avait changé de rituel. Un objet recouvrant ses oreilles était vissé sur la tête. Il s'empara d'un de mes confrères, le posa prestement sur son étrange machine. Il semblait cette fois le caresser d'avant en arrière avec délicatesse.
La foule arrivait par vague, les décibels me semblaient avoir franchi un palier que je n'avais jamais connu depuis le début de mon existence, moi qui était né dans une usine californienne.
Puis ce fut mon tour. L'inquiétant objet pointu atterrit à nouveau sur mon ventre, fit marche arrière puis s'immobilisa. L'individu posa alors son index sur mon flanc. Je sentais comme un plateau tournoyer sous moi, frottant mon échine.
Il me libéra au bout de quelques secondes. La foule, levant les bras au ciel et sifflant, semblait ravie.

J'étais un vinyle des années 80, jeune et fringant. Ma gloire dura quelques mois puis on cessa de me prendre, de me manipuler et l'on me rangea à nouveau sur une étagère...pour l'éternité sans doute.

vendredi 8 février 2013

N° 179 : The Magic Attic (Chilly Gonzalez, Superfunk, Michael Watford...)


Set non disponible

CHILLY GONZALES "You can dance" : je suis tombé sous le charme dès la première écoute de ce titre entendu un jour de 2010 sur Radio Nova. Tout me rappelle le Prince festif des années 80 ("Controversy", "Raspberry Beret", "1999").
Personnage plutôt loufoque, Chilly Gonzales est à la base un pianiste canadien qui s'amuse à tourner en dérision son art avec un certain talent.
C'est avec l'album Piano Solo qui s'inspire des fameuses Gnossiennes et Gymnopédies de Erik Satie qu'il gagne la crédibilité qui lui permettra de travailler comme arrangeur, notamment pour Philippe Katerine, Feist (le fantastique album Let It Die) et Christophe Willem.
Son fait d'armes évènementiel entré dans le Guiness Book des Records reste son concert-marathon donné en mai 2009 avec l'interprétation de 300 titres choisis par un public qui se relayait au fil des heures.

You Can Dance est extrait de l'album Ivory Tower qui contient d'autres petites merveilles comme I Am Europe ou bien Knight Moves.

PHILLY DEVOTIONS "Hurt so bad" : du pur Philly Sound de 1976 relifté par Dimitri From Paris, le premier admirateur de ce style disco gorgé de violons.
Étrangement, malgré la qualité des arrangements, je n'ai pas l'impression que ce groupe ait vraiment scoré car je ne le retrouve pas dans les archives de playlistes des grands DJ's de l'époque.

LOUIE VEGA "Thousand fingered man" : je crois que l'on est ici à l'écoute de la quintessence de la soulful proposée par Mister Vega, une reprise impeccable du titre de Candido figurant sur son album  Dancin' & Prancin'. Le solo de trompette final est l'acmé du titre.

LOVEBIRDS "Dancin'" : encore un excellent titre du producteur allemand Sebastian Döring qui n'est pas sans rappeler la "french touch" des années 90 et ses filtrations de samples disco. Le sample vient de When I'm Dancing de LENNY WILLIAMS, loin d 'être un tube. C'est là tout le génie des grands bidouilleurs de la house...dénicher le passage de 10 secondes planqué dans un couplet et le rhabiller pour en faire un nouveau morceau.

RUBEN ALVAREZ "Skyline" : ce DJ espagnol est un spécialiste des bootlegs et autres mash-ups qui constituent d'ailleurs l'originalité de ses sets live.

SOULMAGIC "Someone like you" : les accords sont très inspirés (ou samplés) du I Want To Thank You de Alicia Meyers. Ici encore, un solo (de clavier) qui signe l'apogée du titre.

FULL INTENTION "It seems to hang on" : vous avez bien senti que j'aimais particulièrement l'original de Ashford & Simpson et que je vous le sers à toutes les sauces ! Saluons la performance vocale d'un certain Anthony Moriah pour cette reprise des Full Intention datant de 2005.

JESTOFUNK "Special love" : je suis persuadé que Joey Negro a repris des accords d'un vieux truc disco, mais impossible de mettre la main dessus... et pourtant ce riff de piano électrique me dit quelque chose.

SUPERFUNK "Lucky star" : le meilleur de la french touch avec la sensibilité gospel de Ron Carroll. Le sample violemment timestretché provient du maxi de Josephine de Chris Réa.

THE SUNBURST BAND "Sitting on top of the world" : mon DJ brésilien préferé remixe façon Philly sound cet extrait de l'indispensable album Moving With The Shakers. Dj Memê serait bien capable d'avoir convoqué son orchestre de violons (déjà entendu sur Any Love) pour les besoins du remix !

MICHAEL WATFORD "So into you" : du pur garage comme on en entend hélas plus beaucoup. Un direct-to-mp3 disponible sur Traxsource avec les mixes de Bobby d'Ambrosio.

BASIL "City streets" : ce mix de Kerry "Kaoz" Chandler figure sur une veille compilation garage de mes archives :  6 Years Of Paradise - A King Street Sounds Compilation.