vendredi 28 août 2009

N° 33 : European Housing Authority (Brothers in Rhythm and Steve Anderson's classics, Greed, italian house, Cleveland City Records...)

Set non disponible




L'Europe et particulièrement le Royaume-Uni sont à l'honneur dans ce set.
Les "british", culturellement férus de la black music de Detroit (ce qu'ils appelèrent la Northern Soul dès les années 60), n'eurent ainsi aucune difficulté à emboîter le pas aux américains dans les productions garage et house de qualité au début des années 90.

1/ SABRINA JOHNSTON "Peace" : un titre qui introduit le duo de producteurs BROTHERS IN RHYTHM alias Steve Anderson (pianiste et membre du pool du Disco Mix Club) et Dave Seaman, éditeur du magazine MIXMAG (mon bréviaire durant toutes mes années de production et de radio). En 1990, après un galop d'essai avec "Peace and Harmony" (qui samplait "Love will save the day" de Whitney Houston), le coup de maître est incontestablement "Such a good feeling" réalisé avec l'accapella d'"Always there" de CHARVONI. Le titre se classe d'ailleurs très bien dans les clubs français et bénéficie de remixes de Bibi Fricotin et Dimitri From Paris.

2/ PAUL McCARTNEY "Deliverance" : 28 juin 1991, église anglicane de Liverpool. Macca dévoile au public son œuvre symphonique classique, le Liverpool Oratorio. Démolie par la critique anglaise, elle sera jouée dans le monde entier, fêtant sa 100ème en septembre 1996. C'est le fruit du talent d'un des maîtres de la musique moderne, un touche-à-tout génial capable, comme beaucoup de ses compatriotes, d'évoluer dans des registres très différents. Novembre 1991, c'est le retour aux compositions pop avec l'album "Off the ground", cette fois bien reçu par la critique. Il contient ce "Hope of Deliverance" dont le mix club sera confié à Steve Anderson qui le transformera en un dub flamboyant, à des années-lumières de l'original.

3/ ARIZONA feat. Zeitia "Slide on the rhythm" : 1993, année du lancement de Delabel, un sous-division "club" de Virgin France. L'une des premières sorties est cette adaptation d'un vieux classique de Mahogany, "Ride on the rhythm" sorti en 1982. Elle est produite par GREED alias Mike Gray et Jon Pearn, un duo aux multiples pseudos (Full Intention, Hustlers Convention, Sex-o-Sonique...). Greed fait également partie du pool de remixers DMC.

4/ COLA BOY "7 ways to love" : extrait du DMC de Juillet 1991 avec, côté DJ, Mike Gray au remix et, côté claviers, Jon Pearn aujourd'hui plus connu en solo sous le pseudo de Bodyrox (le tube électro "Yeah,yeah"), le duo ayant décidé de faire un break. Sous le pseudo de Cola Boy se cachait un certain Andrew Naughtie qui avait crée le buzz en laissant croire que son bootleg avait été financé par un adolescent de Honk-Kong qui avait vendu sa collection de bouteilles de Coca. Signé sur Arista, le titre avait été produit par St-Etienne et ré-interprété par une nouvelle chanteuse.

5/ TINMAN "Eighteen strings" : adaptation très réussie du titre de Nirvana, "Smells like teen spirit" dont le riff de guitare sert de gimmick principal. C'est encore une production du DMC avec Dakeyne à la baguette. Dans la Max Party, nous avions beaucoup joué l'un de ses meilleurs remixes, "I got you (i feel good)" de James Brown. Une occasion aussi d'entendre le fameux preset "organ" du synthé historique de la house music, le Casio CZ 101 (écoutez quelques presets).

6/ Le Casio CZ 101 est dans la place ! C'est la pierre angulaire de ce remix de "Bright on Time" de BLACK BOX réalisé en 1994 par TWO MEN, le duo italien dans lequel se trouve la future star de l'électro, Benny Benassi.

"Bright on Time" est un titre né de l'imagination du DJ italien Daniele Davoli et de l'ingénieur du son Mirko Limoni. En 1987, Davoli avait déjà fait parler de lui avec un tube à base de multiples samples, "Numero Uno". En cette année 89, c'est Limoni qui l'incite à mettre en musique ce cri de Loleatta Holloway que Davoli balance sur les disques qu'il mixe dans son club.
Et l'Angleterre de succomber la première au charme de ce morceau de piano-house. C'est donc à tort que l'on attribue à l'Italie la genèse de ce style puisque ce furent les autres DJ's italiens qui, devant le succès rencontré outre-manche par "Bright on Time", prirent le train en marche pour réaliser des titres du même acabit.

Pour BLACK BOX, l'histoire démarre comme un conte de fée avec 2.5 millions de copies vendues à travers l'Europe. Mais lorsque Holloway s'aperçoit que le groupe fait appel au mannequin Katrine pour chanter le titre en playback dans l'émission anglaise "Top of the Pops", son sang ne fait qu'un tour. La fierté écornée et après avoir tenu à prouver "en live" qu'elle était la véritable chanteuse, un arrangement est trouvé et Holloway récupèrera une partie des royalties engendrées par la vente des 800 000 copies au Royaume-Uni ; la diva chantera même le titre sur scène lors d'une rave-party !

7/ REEL 2 REAL "I like to move it" : un disque que je suis fier d'avoir joué parmi les premiers en France, ayant réussi à obtenir un test pressing de haute qualité. Je le jouai en exclu dans une soirée privée du label Airplay organisée au bar "La Plage", non loin de la Porte Dorée, dans le 12ème arrondissement de Paris. Mais ce fut le label Happy Music qui remporta le gros lot en signant le groupe pour la France.

8/ ALEX PARTY "Alex Party 2 (Nu-Nu-Now)" : retour en force du Casio CZ 101. C'est la patte caractéristique des productions des italiens d'Alex Party. Et d'où vient le sample ? "Don't make me wait" des PEECH BOYS.

9/ DIRECT 2 DISC "Morning" : retour au Royaume-Uni avec l'un des tubes du feu label Cleveland City Records. De la happy house avec un bassdrum tout simplement énorme pour accompagner cette habile trituration du tube de Crystal Waters.

10/ RHYME TIME PROD. "Swing man" : double priority pour le label Cleveland City. Ce "Swing man" est la face B de "Go back", premier single de ce groupe sorti en 1993. Je vous avait également présenté "You and me" dans un de mes sets du début d'année. Rhyme Time Prod. est également l'auteur d'excellents remixes comme "I wish" de GABRIELLE et "You can have it all" de EVE GALLAGHER.

11/ GABRIELLE "Because of you" : voici justement la chanteuse à l'œil bandé dans une version piano-house signée par les anglais de Development Corporation qui ont déjà remixé ses deux premiers tubes, "Dreams" et "Going Nowhere". Sa voix nasillarde, sa référence artistique évidente à Tracy Chapman, cet œil déformé à la naissance et qu'elle cache désormais, tous ces éléments qui lui confèrent un look original ont sans doute contribué à susciter l'intérêt des médias.

12/ SUNSCREEM "Pressure us" : Terry Farley, le créateur de "Boy's Own", un fanzine consacré au football, à la mode et à la musique, est l'un des membres du duo Farley et Heller qui se travestit ici sous le pseudo de Fire Island pour un remix très "chicago house". Sunscreem est un groupe pop anglais formé en 1991 et qui intégra la scène house avec notamment ce semi-tube, "Pressure us", bien que leur hit majeur soit "Perfect Motion".

13/ PHUNK PHORCE "Mind games" : Matthew Roberts de BOTTOM DOLLAR a participé à sa production de ce titre découvert sur le set d'Erick Morillo réalisé pour le Ministry of Sound Session 9; il emprunte un sample de "Mind Games" de QUEST (1985).

Retour aux States pour un final très, très underground.

14/ DANNY TENAGLIA "Roots (The sound of the drum)" : extrait de l'album "Tourism", un titre qui fleure bon le tribalisme.

15/ SIZE QUEEN "Walk!" : Peter Rauhofer (Danube Dance, Club 69) s'essaye avec panache à l'underground avec ce titre calibré pour la communauté gay. Il sera signé sur le fameux label Tribal America dont l'un des tauliers n'est autre que Danny Tenaglia.

vendredi 21 août 2009

N° 32 : A groovy kind of house (E-Smoove's anthems, Clubland, Groove Armada, Tommy Musto...)

Set non disponible



1992 fut une année faste pour la musique, une année magique où la house music prit véritablement une nouvelle dimension, plus groovy, plus happy, plus mature, se parant de nouveaux atours. Evénement ! La radio Skyrock lui offrait à nouveau une vitrine deux soirs par semaine dans la Max Party.
Je ne sais pas si j'ai acheté plus de vynils que cette année-là, tant les productions étaient excellentes, fusant de tous les coins du monde.
Hélas, cette belle euphorie n'allait durer que 4 ou 5 ans, l'année 97 marquant le déclin inexorable de ce style, banni qu'il fut par les médias. Aujourd'hui perverti, délayé dans des sons new-wave agressifs, l'esprit black, spirituel et positif des débuts est désormais bien loin et cette électro blanche, métronomique, d'une froideur absolue, est le mètre-étalon.
Pour être sûr de ne pas vivre dans une bulle passéiste, j'ai récemment fait l'effort considérable d'écouter plus de 800 titres sur le site de vente JunoRecords... pour n'en retenir finalement que deux ou trois !
Suis-je "à côté de la plaque" ou y a-t-il un réel problème de qualité ?

C'est donc avec nostalgie, comme d'habitude, que je vous ai concocté ce set assez old school bien que quelques titres récents se soient glissés dans la playlist, tout n'étant heureusement pas à jeter dans ce qui se fait actuellement.

1/ Démarrage en douceur avec cette merveille qui ouvrait le set de Lil' Louis sur Skyrock, fin 1992 : OLIVIA NEWTON-JOHN "I need love". C'est bien la dernière chanteuse qu'on aurait imaginé pour incarner la quintessence du style garage. Sans doute séduit et inspiré par la belle, Tommy Musto nous livre un grand moment de grâce, de sensualité et d'élégance. Un titre déjà panthéonisé dans ma discothèque.
Si vous êtes fan de la chanteuse, un blog pour vous : http://newtonjohn.blogspot.com

2/ MADONNA "Fever" : la reprise du titre de Peggy Lee est ici largement remaniée par les Murk Boys de Miami. Une ligne de sub-basse et une rythmique à la charley et au clap omniprésents très caractéristiques du style. Nous sommes en 1992 et c'est le premier remix de ce duo à la carrière encore embryonnaire.
La même année, je découvrais dans le légendaire set de Maurice Joshua sur Skyrock l'une de leurs nouvelles productions réalisée avec l'une des chanteuses du groupe Exposé : Funky Green Dogs From Outer Space "Reach for me".

3/ THE DETROIT EXPERIMENT "Think twice" : Carl Craig est à la baguette de ce collectif jazz qui réunissait en 2003 la crème de la crème des musiciens de Detroit. Mélangeant reprises et créations, l'album est, bien entendu, indispensable pour les plus fins mélomanes. "Think Twice" de DONALD BYRD, l'un des titres les plus samplés du jazz-funk ("Flowers" de Armand Van Helden, "Byrd Man's revenge" de Mike Delgado...), est revisité de manière si étonnante qu'il en devient méconnaissable. Appréciez la clarté de l'arrangement et le ronronnement chaleureux du piano Fender Rhodes, mon instrument de prédilection.

4/ FIRST CHOICE "Double cross" : en 1992, à l'occasion du 20ème anniversaire du label Salsoul Records, plusieurs compilations proposent des versions remixées des grands classiques par le gotha de l'époque. Parmi elles, cette version garage réalisé par Danny Tenaglia, l'un de mes chouchous.

FIRST CHOICE est un trio féminin originaire de Philadelphie. Après un premier single très orienté "Supremes" ("This is the house where love died"), leur premier véritable hit est "Armed and Extremely Dangerous" en 1973. Et pour cause, plusieurs membres du fameux MFSB apportent leur contribution à l'album éponyme. L'album "Delusions" sorti en 1977, reste cependant leur meilleure production avec des tubes comme "Let no man put asunder" et "Dr Love". Ce "Double Cross" figure sur leur pénultième album "Hold your horses" (1979) mais l'original ayant fait pâle figuration dans les charts, ce lifting de Tenaglia lui fait le plus grand bien.

5/ CLUBLAND "Love strain" : une co-production assez peu connue de Morales. Pour ce groupe, il avait déjà réalisé un extraordinaire remix de "Let's get busy" (1990).
J'imagine bien ce titre calibré pour le NRJ megamix de Dimitri qui semblait raffoler de ces accords de piano sautillants.

6/ CLUBLAND "Set me free" : 1992, les tubes s'enchaînent, c'est l'année du firmament pour ce groupe suédois. Ce titre a parfaitement assimilé l'esprit garage new-yorkais avec cette petite touche techno qui caractérise l'Europe. Vingt ans avant l'avènement de la Swedish House Mafia, la Suède était déjà une grande nation de la house music.

7/ SUB-URBAN SOUL "Domything" : nouvelle perle du label Sub-Urban crée par Tommy Musto et Victor Simonelli. Le groupe reste un mystère total. Quand les mixes ne portent pas de noms, les compositeurs et producteurs ne sont même pas cités sur la pochette !
En cette exceptionnelle année 1992, c'est l'un des titres qui m'a fait réaliser que le new-jersey garage était au zénith, 4 ans après sa naissance officielle avec Paul Simpson, Blaze ou Adeva. "Domything", un titre ensorcelant dû à la grande richesse de l'arrangement et au swing imparable des interprètes qui se répondent du tac au tac.

8/ SHAY JONES "When love calls", 9/ PARIS RED "Promises" et 10/ 49ERS "Got to be free" : triple hommage au plus discret de la "bande des 3" : Steve "silk" Hurley (le "silk" faisait référence à sa chevelure brillante et soigneusement entretenue), Maurice Joshua et donc Eric "E-Smoove" Miller avec 3 mixes très, très "happy".

11/ BOOTSY COLLINS "Party lick-a-ble's" : dans la famille "groove", je voudrais le funk de Bootsy Collins speedé par l'ancien HOUSEMARTINS, Norman Cook plus connu sous le nom de Fatboy Slim. Bootsy Collins est un vétéran du P-Funk; son premier single solo date de 1976 mais il est déjà bassiste de James Brown en 1970 sur "Sex Machine" !

12/ ARMAND VAN HELDEN "The funk phenomena" : c'est son admiration pour les mixes hard-house de Todd Terry qui fait entrer Van Helden dans la danse en 1992. Son côté "tribal" s'affirme sur "Witch Doktor" et "Zulu" (sous le pseudo de Circle Children) en 1994.
Il s'essaye bientôt à une forme de remixes quasi-instrumentaux, répétitifs et agressifs, sur des titres pop ou dance comme "Runaway" de REAL McCOY, "Spin Spin Sugar" de SNEAKER PIMPS, "Living in danger" de ACE OF BASE "Professionnal widow" de TORI AMOS ou "Sugar is sweeter" de CJ BOLLAND, inventant le speed garage.
En 1996, il explose au niveau mondial dans un registre funk inédit avec ce titre extrêmement groovy que j'aurai l'honneur de pouvoir jouer dans mon émission, les N° 1 Dance sur Skyrock.

13/ GROOVE ARMADA "Love sweet sound" : un excellent duo anglais dont l'éclectisme ne se dément pas. Seuls les "british" ont ce don de passer d'un style à l'autre sans perdre leur crédibilité.
GROOVE ARMADA se fit connaître avec des titres plutôt downtempo comme "At the river", "My friend", "Think twice" (avec Neneh Cherry), "Little by little" ou "Inside my mind" voire "big beat" avec "I see you baby".
En 2007, leur album "Soundboy Rock" sonne résolument house et contient notamment cette tuerie, "Love sweet sound". La version présentée dans ce set est brillamment remixée par Mark Knight mais je garde une préférence pour l'originale, plus "old school".

14/ De la house tonitruante signée du duo américain JOHNNY CORPORATE (alias 95 North) avec ce titre, "In the Pocket". C'est cependant le single "Sunday shoutin'" qui réalisera le cross-over en Europe.

vendredi 14 août 2009

N° 31 : Soulful & Sensual (Gospel garage classics, Masters at Work masterpieces, Blaze, DJ Memê)

Set non disponible




1/ JODY WATLEY "Saturday night experience" : après avoir fait les choux gras du Skydance avec ses tubes "Friends", "Real love" et "Lookin' for a new love" , l'ex-chanteuse de SHALAMAR s'offrait un retour sensuel et jazzy en 2001 avec ce remix de Blaze. Ce trio de musiciens new-yorkais définit de manière quasi-parfaite ce qu'est la soulful house.
A la fin des années 80, Blaze produit essentiellement des titres pour Tony Humphries, des joyaux que ce dernier ne manque pas d'inclure dans ses sets au Zanzibar Club.
Ma première rencontre musicale avec Blaze fut le remix de "People hold on" de COLDCUT (que RLP joua souvent dans son Skydance), un arrangement assez latino et doté d'un solo de synthé final véritablement prodigieux. Suivit le remix de "Celebrate the world" de Womack & Womack. La "soul" avait enfin retrouvé le chemin des clubs alors que la house purement synthétique commençait à se montrer fatigante.

2/ UNDERGROUND COMITTMENT "I know a melody" : toujours extrait de ma fameuse compilation "Sub-Urban Volume one" (elle ne connut hélas qu'un seul volume), ce titre prend comme refrain une partie d'un couplet de "The secret garden" de QUINCY JONES ( à 1'04" du début et chanté par James Ingram). Une production Victor Simonelli-Tommy Musto !

3/ BE BE WINANS "Thank you" : fabuleux remix signé par les Masters At Work ! Surement pas le plus connu mais un maxi qui vaut le détour. Le titre est extrait du premier album solo de ce pur artiste gospel.

4/ MONÉ "Movin'" : un remix de Farley & Heller alias Fire Island, un pseudo qui rend hommage à cette île mythique, sorte de "Porquerolles" située à environ 80 km de N.Y. Dès les années 40, le lieu fut conquis par la communauté gay et lesbienne. Dans les années 70, des clubs extravagants comme l'Ice Palace, le Sandpiper (Tom Moulton y fut DJ) ou le Botel contribuèrent à l'émergence de la disco music. Un sanctuaire de la luxure et de la liberté sexuelle qui n'allait pas tarder à influencer les clubs new-yorkais comme le Studio 54 ou le Tenth Floor.

5/ CRAZY PENIS "You are we" : un pseudo à déclencher le branle-bas de combat au Vatican !!!
Sur son site, la très prude BBC consacre quand même quelques lignes à ce duo londonien très créatif et auteur de 5 albums à ce jour. "You are we" est extrait de "The wicked is music" sorti en 2002. Il est remixé ici par Ian Pooley dans un style garage très syncopé. J'avais déjà repéré ce groupe en 1997 avec un excellent titre acid-jazz, "Summer Bummer".

6/ ALYSHA WARREN "I pray" : après "I thank you", retour dans un univers de dévotion avec ce "I pray" remixé par Roger S. Le S Man Hard Mix mérite aussi votre écoute.
J'ai toujours été fasciné par l'osmose parfaite entre garage et gospel au point d'imaginer un concept entièrement chanté en français en 1998.

Alysha Warren est l'une des chanteuses les plus samplées de l'histoire grâce à un accapella que doit posséder tout DJ digne de ce nom, "Touch me". Les producteurs de CORONA en avaient d'ailleurs emprunté une partie pour rallonger le couplet de son titre "Baby, Baby".

7/ ROBIN RUSH "After the storm" : cette production de Ian Carey ("Say what you want") s'inscrit totalement dans la lignée d'un Blue Six. Sous le pseudo de SOULPROVIDERS, il nous avait déjà livré "Rise" en 1999, un titre qui reprenait un sample de "Could heaven ever be like this" de IDRIS MUHAMMAD (1977).

8/ MICHELLE WEEKS "Don't give up" : un remix assez bordélique mais qui possède une grande énergie avec un sublime accompagnement au piano. A l'instar d'une Jocelyn Brown ou d'une Loleatta Holloway, Michelle Weeks fait partie de ces divas qui "lâchent les chevaux" devant le micro et sa performance sur ce titre est véritablement ahurissante. Choriste pour de nombreux artistes, elle serait en préparation d'un album gospel.

9/ FISH GO DEEP "The cure and the cause" : le GROS single de l'année 2007 ! Lounge , disco ou garage, chaque public y trouva son compte. Les mixes du brésilien DJ Memê dont ce Suite Mix dominent largement le lot. Il a encore frappé récemment avec "Any love" dont le Reprise Mix pourrait démarrer l'un de mes sets s'il arrivait que je mixe à nouveau en club. C'est l'un des producteurs de la nouvelle génération qui laissent espérer que tout n'est pas pas perdu face à l'invasion de l'électro et que la soulful house et ses flamboyantes réminiscences disco peuvent encore surnager dans un univers de musiques club devenues plus bruyantes que musicales.

10/ THE BRAXTONS "The Boss" : l'original de Diana Ross (1979) est dépoussiéré par les Masters at Work et les Braxtons. La boucle est sale, distordue mais l'arrangement disco parfait nous envoûte dès les premières mesures. L'intro "new soul" et langoureuse de cette version (non mixée ici) est déjà à elle seule un petit chef-d'œuvre.

11/ COPYRIGHT feat. Song Williamson "He is" : l'un des 5 plus grands titres gospel-garage de la décennie ! Alors que le genre se meurt dans des productions insipides, quelques fulgurances comme celle-ci permettent de penser qu'il reste une toute petite place pour cette niche musicale. Ah si, lors des messes, l'on pouvait nous offrir ce genre d'ambiance musicale au lieu de nous faire subir ces chants religieux larmoyants et simplistes... je deviendrais un "crapaud de bénitier" !

vendredi 7 août 2009

N° 30 : It's gotta be big ! (UK trance-house, speed garage, Mr Roy, Rollo...)

Set non disponible




"It's gotta be big!, It's gotta be big!" répétait inlassablement ce titre house, hypnotisant les clubbers du monde entier.
Ibiza, août 1996, 7h du matin. En villégiature au Club Med' local (un confort acceptable mais pas d'eau potable dans les chambres !), je tente l'expérience de me rendre à l'aube dans ce haut lieu du clubbing mondial qu'est le Space. Le dancefloor est quasi-désert mais c'est en quelque sorte un échauffement avant le "grand moment". Chaque dimanche vers 11h, les connaisseurs investissent progressivement la terrasse ombragée du club où l'on joue la meilleure "beach house", à peine voilée par le bruit des avions de l'aéroport tout proche qui vont et viennent sans relâche, déversant leur lot d'anglais pâles et assoiffés de sensations en tous genres. Un "after" de luxe sous les tamaris dans la chaleur encore supportable du matin.

Le remix de "Professionnal Widow" par Armand Van Helden est LE tube de cet été 96. Fin août, le directeur des programmes de Skyrock - pourtant peu branché "undergound house" - inclura le titre dans la playliste de mon émission, les N°1 Dance, dont je commence mon ultime saison. Le mix, répétitif et appuyé par une ligne de basse hyper funk, n'a gardé que quelques bouts de phrases d'une chanson qui est, à l'origine, plutôt rock...et ennuyeuse.

Il symbolisera ce set très orienté tech-house.
Que les amateurs de soulful se rassurent, ça n'est qu'une petite récréation, un défoulement pour casser l'éventuelle monotonie du style que j'ai imprimé à mes sets. Bien vite, les vibes reprendront le dessus.

1/ DONNA SUMMER "Melody of love" : une intro exceptionnelle ; la voix gospel de Donna Summer est rapidement interrompue par un arrangement musclé "à la Felix" et signé par Peter Oaxendale, un compositeur plutôt méconnu. C'est un titre inédit composé notamment par Clivillés & Cole et qui ouvre la compilation "best of" intitulée "Endless Summer" (1994).

2/ URBAN COOKIE COLLECTIVE "The key, the secret" : la ligne de basse de Donna Summer m'amène logiquement à tenter la transition avec le tube de Urban Cookie Collective. Par bonheur, les harmonies s'emboîtent parfaitement. Le groupe-phare du label Pulse 8 aura une carrière assez éphémère mais sa chanteuse, Diane Charlemagne, multipliera les "featuring" (notamment "Inner city life" avec GOLDIE et récemment "Love Hangover" avec JOEY NEGRO).

3/ LI KWAN "I need a man" : l'hymne gay dans toute sa splendeur, la pochette étant d'ailleurs sans équivoque. LI KWAN est le pseudo de Matt Darey, un DJ-producteur plutôt orienté trance. Ce "Seka Mix" est réalisé en collaboration avec Joey Negro et son ingénieur du son Andrew "Doc" Livingstone".

4/ COMIX "I need ya...hum" : "what a tremendous house track!". Il semblerait que cette production nous vienne de Belgique, un pays rarement à l'honneur dans mes sets car historiquement peu concerné par la musique black.

5/ TORI AMOS "Professional widow" : le trio londonien MR ROY, largement représenté dans mes précédents sets "handbag house", réalise un honorable remix proche de la version de Van Helden, les samples de son autre mix plus disco-funk (Mr Roy's Delirium Dub) n'ayant pas pu être "clearé" pour commercialisation.

6/ LUCID "I can't help myself" : la mode des pizzicati lancée par Rollo et son concept FAITHLESS avec "Insomnia" fait des émules. Un titre trance parfaitement arrangé par un ex-membre du groupe Urban Cookie Collective, Mark Hadfield.

7/ ROLLO GOES MYSTIC "Love, love, love-here i come" : le frangin de Dido (il a produit son 1er tube, "Thank you") s'empare de l'intro du "All you need is love" des BEATLES ("love, love, love!") et pique le couplet du "You do me" de JILL JONES (une protégée de PRINCE). Un sommet de la trance-house anglaise.

8/ MR ROY "United States" : la reprise de "Altered States" de Ron Trent par Mr Roy est décriée par les puristes mais qu'importe, le mix de Nush est d'une redoutable efficacité.

9/ RAMP "Rock the discotek" : un mix sans doute maintes fois joué par le DJ anglais Tall Paul, spécialiste de la hard house. C'est le seul tube de ce duo qui remixa par la suite "Thinking of you" de SISTER SLEDGE et surtout "You can have it all" de EVE GALLAGHER présenté dans mon tout premier set.

10/ LISA STANSFIELD "The line" : durant la courte période du speed garage ou UK Garage (1997), une sorte d'amalgame entre garage, ragga et jungle, il y eu beaucoup de titres massacrés et quelques réussites comme celle-ci. Le speed garage et ses lignes de basse surpuissantes disparurent progressivement au profit d'un garage moins bruyant mais néanmoins rapide, le 2-step. Le remix de "Professsional widow" par Armand Van Helden est souvent cité comme étant le titre-fondateur du speed garage.

11/ TODD TERRY feat. Jocelyn Brown & Martha Wash "Keep on jumpin'" : autre hit de la période speed garage mais beaucoup plus accessible. C'est la reprise d'un titre du groupe MUSIQUE datant de 1978.

12/ TRICKSTER "Move on up" : un remix à la limite du speed garage d'un vieux classique de CURTIS MAYFIELD datant de 1971. Il est réalisé par Lisa Marie Experience, un duo qui avait aussi réalisé sa version de "Keep on jumpin'".