Set non disponible
Minuit. Le club vient d'ouvrir ses portes. Une clientèle éparse prend peu à peu place dans les fauteuils. Un égaré accoudé au comptoir déshabille du regard un groupe de filles qui descendent prudemment le grand escalier aux marches ornées de loupiotes.
Les conversations sont feutrées, ponctuées ça et là par quelques grands éclats de rire.
On reconnait immédiatement les nouveaux. D'un pas plus lent, ils observent attentivement la décoration et l'agencement du lieu, tentant de trouver quelques repères.
Le DJ n'est pas encore en cabine, mais un CD mixé à la Pompougnac appose sa douce patte "easy listening".
Le niveau sonore monte avec l'ambiance qui s'installe progressivement. Les voix couvrent désormais franchement la musique. Avalant sa dernière gorgée de bière, le DJ décide alors de démarrer son "before".
Le "before" est cet exercice délicat qui consiste à préparer en douceur l'audience avant le déferlement de décibels qui saluera l'arrivée des plus acharnés, échappés de médianoches bien arrosés ou chauffés à blanc dans leur voiture par quelque émission "club" de la bande FM.
Arrangements soft et tempo lent, il faut inciter les ludions les plus impatients à se lancer sur la piste.
Sous l'indémodable boule à facettes, quelques couples aux yeux brillant de désir s'enlacent déjà dans un slow langoureux, sans se soucier du rythme.
Les sonorités jazzy/deep-house se succèdent dans l'indifférence générale.
Qu'importe, le DJ apprécie d'écouter les merveilles qu'il vient de se procurer. La très rare version symphonique du "Always there" de INCOGNITO, "Nowhere i can go", extrait de l'album Nu Soul de l'allemande CLARA HILL ("All i can provide" - 2006) ou "The Theme" de LOOP 7, vieux chef-d'œuvre jazzy de Satoshi Tomiie sorti en 1994 et oublié de tous.
Légèrement contrarié par l'apathie générale, le DJ opte pour "We can change this world" de DJ SPINNA. "Ce titre percussif et happy va sûrement réveiller ce petit monde !", se dit-il. Il n'en est rien.
A la grande surprise de l’amphitryon, c'est un mix surpuissant de "Rainfalls" de Frankie Knuckles qui remplit timidement la piste, lançant enfin la soirée. Comme un fait exprès, le tumulte qui descend du vestiaire annonce l'arrivée en masse des habitués. Il est 1h du matin.
Il est temps de dégainer les maxis les plus commerciaux : "Touch me" de CATHY DENNIS, reprise de Fonda Rae, puis le phénoménal remix de "Living in danger" de ACE OF BASE par le dieu Morales.
Ultime mise en bouche avant le Grand Set dance/house... le remix de "Thinking of you" de SISTER SLEDGE par Ramp.
Les décibels submergent désormais la salle. Chacun se résout à délaisser les confortables banquettes. Avec une maîtrise inégale, une foule désormais compacte s'exprime. Un groupe de jeunes mecs à la crête travaillée au gel se livre à quelques chorégraphies longuement répétées. Leurs chaussures blanches cirées comme au premier jour resplendissent sous la lumière noire.
Au bar, attifé de son épaisse veste écossaise, un vieux loup de mer regarde ce spectacle en tournant nonchalamment la tête. Il n'est pas là pour la musique, juste là pour décanter... quelque part.
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