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La musique noire aura effectué dans les années 80 ses mutations les plus spectaculaires.
Elle entama cette giboyeuse décennie sur des bases nouvelles après la publication le 12 juillet 1979 de l’acte de décès du disco, style usé jusqu’à la corde à force d’être galvaudé donc décrédibilisé.
Quelques semaines avant cette date symbolique de l’histoire de la musique club, Steve Dahl, DJ d’une radio rock de Chicago, avait été licencié après que ses employeurs avaient opté pour un format 100% disco.
Rapidement embauché par une radio concurrente pour animer le « morning », Steve Dahl multiplia les coups d’éclats anti-disco, dépassant l’indécence en brisant en direct un exemplaire de « The Hustle » le jour de la mort de son créateur Van McCoy.
Engagé dans une véritable croisade, il décida de « marquer le coup » de manière spectaculaire en relayant abondamment un gigantesque autodafé de disques « disco » organisé au Comiskey Park, temple du base-ball, par le fils du propriétaire de l’équipe locale, les « White Sox », alors « à la ramasse » en championnat et en panne de public.
L’événement nommé « Disco Demolition Derby » proposait à tout spectateur muni d’un vinyle disco à détruire de payer sa place à un prix dérisoire.
Dépassant toutes les prévisions de fréquentation, le match occasionna des débordements graves (feux d’artifices en tribunes, envahissement du terrain et destruction des installations), la foule sous l’emprise de l’alcool et galvanisée par le challenge se comportant telle une meute enragée.
Quant aux disques, s’ils n’avaient pas auparavant été lancés des tribunes comme des frisbees sur les joueurs de l’équipe adverse, ils finirent en miettes dans une gigantesque boîte que Steve Dahl se fit un plaisir de faire exploser au milieu du terrain à la fin du premier match.
Seule l’intervention de la police put mettre fin à l’émeute.
C’est dire l’exaspération qui caractérisa l’Amérique reaganienne pour laquelle le disco, musique gay et pervertie, devait être exterminée pour redonner à la nation la virilité dont le base-ball et le rock étaient en quelque sorte deux des symboles.
Dès la toute fin de l’année 79, les grandes formations ou artistes funk/jazz-funk des années 70 comme Kool & The Gang ou The Whispers reprennent rapidement possession du terrain laissé vacant et, se rendant plus accessibles au grand public, participeront à la naissance de ce que l’on appellera la « funky music », bientôt rejoints par d’innombrables nouveaux groupes (The Strikers, Dynasty, Skyy, The Reddings, Midnight Star…) ainsi que d'opportunistes et talentueux producteurs italiens (Change, Firefly, Advance, B, B & Q Band, Jimmy Ross…).
La multiplication des tubes est perçue comme une aubaine par les radios libres qui fleurissent en France en 1981 après la libération des ondes par Mitterrand.
Mais dès 1980, Radio 7, radio d’état, avait ouvert la voie avec l’émission culte « Destination Planète 7 ».
C’est donc sans restriction que nos jeunes radios FM comme NRJ programment des disques « import », offrant ainsi à la funky music la plus belle tribune qu’elle ait pu imaginer.
Et les clubs de voir déferler à nouveau une clientèle assoiffée de ces mélodies imparables, de riffs de guitare wah-wah et de lignes de basse échevelées.
Mais quelque chose à changé. Un élément nouveau est venu se mêler à la fête : la boîte à rythmes.
Dans un premier temps, l’oreille du DJ reste perplexe devant cette cadence métronomique qui détonne avec le swing du disco et du funk des années 70.
Utilisé à outrance sur certains disques, les puristes comme moi seront tentés de passer à autre chose.
Effectivement, à trop recourir aux synthés et à ces beatboxes, la funky music y perdra son âme et disparaîtra peu à peu au profit de l’électro (Afrika Bambaataa, Shannon et tous les artistes de break dance) et de la house music, styles qui, sous la férule de la technologie, sauront adapter leurs arrangements pour réinventer le groove dans un style hypnotique et punchy, à grands coups de bassdrums, de claps et de lourdes caisses claires.
Rangé des voitures après la mort du Patch et l'arrêt de mon activité de DJ à l'été 1985, c'est grâce au Skydance de RLP que je retrouverai goût à cette musique club en 1988.
Les beatboxes emblématiques des années 80 se nomment LINN drum et Oberheim DMX.
Vous entendrez les sonorités chaleureuses et puissantes de ces machines dans quasiment tous les titres de cette playliste.
D’excellentes démos sont audibles par ces liens dans des vidéos où les programmeurs vous feront découvrir de célèbres patterns tels ceux de « Beat the street » de Sharon Redd, « 1999 » de Prince, « The finest » de SOS Band ou « Walking on sunshine » de Rockers Revenge.
- Linn Drum :
- Oberheim DMX :
- sans oublier la SIMMONS Clap Trap :
1980 : DEODATO "Night cruiser"
Eumir Deodato, producteur et claviériste spécialiste du jazz-funk commercial, n’est autre que le producteur qui a sorti Kool & The Gang de l’anonymat avec « Ladies night » l’année précédente. Suivront trois autres albums culte :
- « Celebrate »
- « Something special »
- « As one »
Les spécialistes du jeu Grand Theft Auto dont je fais partie se souviendront de son titre « Super Strut » entendu dans Vice City sur Radio Espantoso et samplé par les Masters at Work pour le remix de « Erotica » de Madonna.
Les puristes de l'easy-listening se souviendront eux de « Latin flute » dont les éblouissants solos de Rhodes et de guitare électrique n'ont pas échappé à l'inspiration de Steely Dan pour « Do it again ».
1981 : DONALD BYRD AND 125TH STREET, N.Y.C. "Love has come around"
Doté d'orchestrations flamboyantes, c'est l’un des grands classiques du Palace. Imaginez ce titre joué à fond dans l'immense théâtre, subjuguant la foule en faisant sourdre la magie.
Donald Byrd est un trompettiste jazz dont la carrière à démarré en 1958 ! A son actif, des classiques comme « Black Byrd » ou « Think Twice »
Sur cet album intitulé « Love Byrd » et produit par le démiurge Isaac Hayes, figure également le merveilleux slow « I feel like lovin’ you today », incontournable de ma programmation au Patch Club.
1982 : GAYLE ADAMS "love fever" (Shep Pettibones's Mastermix)
Encore un extrait des fameuses compilations Kiss FM et encore un remix d’anthologie.
1983 : GEORGE DUKE "Reach out"
Un claviériste jazz reconverti avec succès dans le disco (« I want you for myself », « A brazilian love affair ») puis le funky avec ce « Reach out » et aussi « Shine on ».
1984 : SCRITTI POLITTI "Absolute" (Version et 12inch mix)
Un imparable tube de synth-pop anglaise produit par Green Gartside et sa bande.
Scritti Politti est l’une des oriflammes du puissant synthétiseur-échantillonneur Fairlight qu’utilisera aussi Jean-Michel Jarre.
Green a realisé un merveilleux remix de « Love of a lifetime » de Chaka Khan (déjà diffusé dans mes podcasts).
1985 : ARETHA FRANKLIN "Who's zoomin' who" (Dance Mix)
Découvert sur la piste du Palace un dimanche soir, ce maxi pêchu et dédié à la toute puissance des boîtes à rythmes est produit par Narada Michael Walden.
1985 : 6TH BOROUGH PROJECT "Stratus quo"
Le bootleg date du printemps 2010 mais reprend un sample de « Status Quo » de Donald Bank (1985).
1985 : NICOLE "Don't you want my love"
Un funk survolté et irrésistible.
La lionne Nicole McCloud fera à nouveau parler d’elle avec « Rock the house » et le remix de Steve Silk Hurley en 1989.
1986 : DELEGATION "Put a little love on me"
Un remix non identifié du fameux groupe de Birmingham. L’original figure sur l’album panthéonisé « Eau de vie » sorti en 1979 et gorgé de tubes (« Darlin’ », « You and i », « Stand up » et « Heartache #9 »).
Suivront d’autres tubes mineurs comme « In the night » et « It’s your turn ».
1986 : JANET JACKSON "The pleasure principle"
Les balbutiements de la house commerciale se font entendre et le règne de la beatbox ne fait que commencer.
Un festival de samples et de breaks signé Shep Pettibone, of course !
1987 : ALEXANDER O'NEAL "Criticize" (Remix)
Entrée de plain-pied dans une house mainstream.
Une production Jimmy Jam & Terry Lewis.
1987 : HERB ALPERT "Keep your eye on me"
Une trompette qui a fait trembler les châteaux JBL du Palace et encore une fois Jam & Lewis à la baguette.
Jazzman réputé, Herb Alpert a commis le très lounge et hypnotique « Rotation » et « Rise » qui atteint la 1ère place du Billboard en 1979.
1988 : JOHNNY KEMP "Just got paid"
Un swing beat aux limites de la house puisque produit par Teddy Riley. Bien entendu, ce fut un incontournable du Skyrock Skydance.
1989 : BABYFACE "It's no crime"
Excellent crooner, Babyface sera surtout impliqué dans la composition et la production d’autres artistes dans le style « mainstream » cher à la West Coast.
Avec son acolyte L.A. Reid, on le retrouve sur « Rock Steady » des WHISPERS (le dernier bon titre du groupe), « Don’t be cruel » de BOBBY BROWN.
Il produira des ballades pour des divas comme Whitney Houston (« I’m your baby tonight », « Queen of the night »), Toni Braxton (« Breathe again »), et Mariah Carey ( « When you believe » en duo avec W. Houston) ainsi que pour les BOYS II MEN (« I’ll make love to you »). Inévitablement, Madonna a fait appel à ses services sur l’excellent « Take a bow ».
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