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Detroit, Miami, deux bastions de l’underground.
D’un côté, Detroit la maudite, berceau de la techno, de l’autre, Miami la soleilleuse dont la plage infinie, ses hôtels rococo, ses îles-résidences érigées comme des forteresses sont les clichés qui cachent une ville au taux de criminalité record.
Miami Beach flambe en accueillant chaque année des DJ’s du monde entier pour la Winter Music Conference.
Detroit se meurt, une "Motor City" en déshérence où Obama vient de se prendre une gamelle aux élections du Mid Term.
Au milieu des années 80, Juan Atkins, Kevin Saunderson et Derrick May, la "triplette de Belleville" (banlieue de Detroit) y réinventent la house music en la métamorphosant en champ d’expérimentations.
D’Amsterdam à Berlin, l’Europe anglo-saxonne tombe sous le charme. La France aussi.
Et pourtant c’est d’Europe qu’est venue l’inspiration pour nos trois compères, thuriféraires des pionniers de l’électro, les allemands Kraftwerk.
Bien qu’influencée par la house de Chicago, la techno de Detroit domptera les boites à rythmes, construisant peu à peu son identité.
Anecdote significative, Derrick May vendra sa Roland TR-909 à Frankie Knuckles. Sans doute un tournant dans l’approche musicale du DJ star de la "windy tow".
Le mot "techno" apparait pour la première fois en 1988 sur la compilation anglaise "Techno ! : the new dance sound of Detroit".
Dénomination adoptée définitivement par l’Europe, c’est le concept INNER CITY développé par Kevin Saunderson qui récoltera les fruits de cette aubaine marketing en réalisant la fusion entre commercial et underground.
Par la suite, Carl Craig deviendra en quelque sorte le navire-amiral de la créativité qui caractérise les artistes de Detroit.
Aujourd’hui, de nombreux producteurs, parfois par leur pseudos, se revendiquent du mouvement musical né dans la Motor City et leurs disques sont estampillés du vocable "Detroit-house" qui symbolise l’omnipotence des synthés et des boites à rythmes, une création qui s’éloigne des contingences commerciales et la volonté délibérée de rester dans l’ombre, démarche qui a été pourtant fatale à la techno en son fief historique.
A l’autre bout du continent, Miami "la latino" a inventé ses propres codes à travers la Miami bass ou booty music, un électro hip-hop souvent macho et vulgaire dont les artistes représentatifs sont 2 Live Crew, Whistle, J.J. Fad, Man Parrish ou Dynamix II.
Pour les aficionados du jeu Grand Theft Auto, ce style est la bande-son des concours de danse des voitures tunées avec des suspensions hydrauliques.
Originaire du sordide quartier de Liberty City, le duo Murk Boys (Oscar Gaetan et Ralph Falcon) proposera dès 1991 une alternative house qui marquera la décennie, jalonnant son parcours de 7 singles classés N°1 du Billboard's Hot Dance Music/Club Play.
Un groove plutôt lent et hypnotique dominé par la lourdeur du rythme et de la basse qui séduira notamment le label Tribal America géré par leur ami Danny Tenaglia.
La playliste reflète ainsi ces deux styles pour un set totalement underground.
MOTOR CITY DRUM ENSEMBLE démarre le bal avec "Raw cuts #6", une nouvelle pépite sortie de l’athanor de Danilo Plessow, petit génie d’une autre Motor City, Stuttgart.
En hommage au quartier dont ils sont originaires, les Murk Boys proposent le concept LIBERTY CITY décliné avec ces deux tubes :
"Some lovin'" avec le sublime dub de l’ami Danny.
"If you really love someone", autre dub carrément technoïsant.
THE FOG est un autre concept qui n’implique que Ralph Falcon et dont le one-shot est ce "Been a long time", incontournable de 1993.
Remixers très prisés (si Madonna les a convoqués pour son single "Fever", c’est un signe qui ne trompe pas), ils réalisent en 1993 un monument de la soulful house avec le remix de "Tight up" du groupe italien 50%.
MOTORCITYSOUL est un duo de producteurs originaire de Francfort, Matthias Vogt et Christian Rindermann (alias C-Rock). Le choix du pseudo du groupe n’est pas innocent et ce remix de "Cipher" par Matthias Vogt est totalement respectueux du style qu’il revendique.
Le passage le plus commercial de ce set arrive bientôt avec la voix de gamine de Helen Tilley pour ce titre d’OFFICE GOSSIP, "Into the lite".
OFFICE GOSSIP alias Nathan Boddy fait partie de mes artistes favoris. Le jeune prodige de la deep-house basé à Londres a commis "Carbon Copy EP", l’un des albums référentiels de la décennie et dont le titre éponyme franchement jubilatoire est inclus dans ce set.
Autres titres urgents du maxi : "Say it" (dont le remix de Lovebirds) et "Strangers".
Dans "Waiting game", BLM & PAWAS, producteurs originaires de Cologne, samplent la voix lymphatique de la chanteuse Escalope sur le très rock indé "Deep" de GUNNE.
Fils de musicien classique, PAWAS est un DJ d’origine indienne multi-instrumentiste (tabla, claviers, basse….). Son influence principale est évidemment Detroit.
Autre figure de la deep-house anglaise, SCHMOOV est remixé par l’allemand Manuel Tur pour "The swirl".
"Feel the soul" de PHONIC FUNK (Amsterdam) conclut en apothéose ce set.
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