Set non
disponible
Éclectiques comme aucune décade auparavant, les 80's auront tout connu : la fin du disco, victime de ses dérives et des imposteurs qui l’ont fait déconsidérer, l’avènement de la funky music puis sa désintégration dans les boîtes à rythmes, la consécration du hip-hop, du freestyle, de la house, de la new wave et de l’italo-disco avec leurs armées de synthétiseurs, des sons tropicaux de Kid Creole et de ses Coconuts, des nouveaux romantiques aux coiffures impossibles, de solides groupes tels que Depeche Mode, Simple Minds, Tears For Fears, U2, Duran Duran, Pet Shop Boys dont certains existent encore…l’explosion des radios libres, les tubes de Gold, Elegance, Bandolero, la chute du Mur de Berlin…Les années 80 auront été les dernières à maintenir le rêve enchanté avant la grande désillusion.
Il y avait encore de grands mélodistes, de grands arrangeurs, des moyens financiers à la hauteur des projets… des boutiques de vinyles et CD fleurissaient à tous les coins de rue : les chaînes Nuggets, Madison, Virgin Megastore, les parisiennes Champs Disques, Lido Musique, Discoparnasse, le Mini Club de Nuit (dont l’un des vendeurs me semblait être Phil Barney)…un disque aimé était un disque aussitôt acheté.
Puis les nouveaux médias (internet, consoles de jeux, ordinateurs, téléphones portables, Ipod) apparurent, dispersant l’offre de loisirs.
Le format mp3 ouvrit la boîte de Pandore en faisant de l’échange de fichiers et de la multiplication des copies un jeu d’enfant.
Alors que le cinéma fascine encore, que les chaînes de télé payantes spécialisées dans le sport ou les séries trouvent aisément un marché, la musique est devenue un objet sans valeur. On l’entend dans les magasins, on l’écoute dans la rue sur le haut-parleur minable d’un téléphone portable…qu’il manque la moitié du titre ou que le son soit dégueulasse, peu importe, c’est un simple bruit de fond qui accompagne notre journée.
Auriez-vous l’idée d’aller voir un film en ayant loupé le premier ¼ h, avec une image granuleuse en 4/3 et un son mono ? bien sur que non car vous êtes exigeants sur ce que vous payez 12 euros.
Mais ce mp3 qui vous a coûté zéro, qui n’a pas d’emballage, ni de pochette, dont vous ignorez qui a composé le titre, arrangé le mix, dont vous ignorez parfois l’interprète, c’est juste un fichier de plus pour agrémenter votre bibliothèque. Je ne connais que peu de gens qui m’avouent acheter des disques dans des magasins ou sur internet.
Quand un artiste a touché 5000 euros de royalties sur ce qui a été annoncé comme un « tube », il peut s’estimer heureux… il y a de quoi se décourager de faire ce métier.
Alors, seuls les DJ’s y trouvent leur compte, composant des titres à tire-larigot. Dès le premier demi-succès, ils profitent de l’aubaine pour rentabiliser les frais dans des tournées ou des sets en soirées souvent grassement rémunérés.
D’ailleurs le public qui a payé sa place n’attend rien d’autre de ce DJ qu’une démonstration technique et un étalage d’effets et de sons. On vient « voir » un DJ comme on vient voir un vrai groupe sur scène… il y a bien longtemps que le but n’est plus de faire danser les gens.
Malheureusement, les DJ’s ne sont pas des compositeurs ou des mélodistes hors-pair (sinon nous croulerions sous les tubes), ce sont dans le meilleur des cas de bons bidouilleurs ou des sound designers et les plus connus d’entre eux font généralement appel à des « nègres » pour composer et arranger leurs titres.
Dans cette médiocrité culturelle (qui touche aussi le cinéma), je traîne chaque semaine quelques heures sur Itunes, Beatport ou Traxsource à la recherche de nouvelles sensations.
Mais pour 100 titres écoutés, 1 ou 2 finiront dans ma besace, souvent avec une grande indulgence pour des mélodies tout juste acceptables… mais il faut bien renouveler ma base de données, éviter de réécouter toujours les mêmes titres entendus 500 fois, éviter de se voir ressasser par les radios toujours les mêmes rengaines…alors on fait l’effort.
Les grands mélodistes de la chanson française se font rares. Calogero vient d’offrir le magnifique «Le Soldat» à Florent Pagny, Goldman se cache et livre ses titres au compte-goutte depuis 12 ans (un nouvel album est toutefois prévu cette année), mais Obispo ne me semble plus très inspiré et Voulzy prend son temps…comme d’habitude.
Les grands arrangeurs dance (Stock, Aitken & Waterman, Shep Pettibone, Steve « silk » Hurley) sont à la retraite…Frankie Knuckles nous a quittés récemment.
On me dit que mes sets ravivent les vieux souvenirs, plongent un peu dans la nostalgie, mais vous sortent de la morosité le temps d’une écoute. Il paraîtrait qu'en mélangeant les styles et les époques, ils soient moins ennuyeux que bien d'autres. Tant mieux si mon travail apporte sa pierre à l’édifice.
J’aurais tant aimé vous faire découvrir chaque semaine de nouveaux talents, mais l’exercice se révèle impossible. Alors pardonnez-moi de faire sans cesse référence au passé comme un vieil aigri.
PLAYLIST :
FIREFLY "You Can Lead Me" - 1982
TRAMAINE “Fall Down (Spirit of Love)" - 1985
FUNHOUSE “Dancin’ Easy” (House Mix) - 1988
RICK ASTLEY “She Wants To Dance With Me” (Bordering On A Collie Mix) - 1988
DONNA SUMMER “This Time I Know It's For Real” (Pete Hammond 12'' Mix) - 1989
NARADA MICHAEL WALDEN “Divine Emotions” (Shep Pettibone Remix) - 1988
WHITNEY HOUSTON “I Wanna Dance With Somebody (Who Loves Me)” (12" Remix) - 1987
MY MINE “Hypnotic Tango” (Hypnotic Mix) - 1983
MY MINE “Hypnotic Tango” (Extended Mix) - 1983
DEPECHE MODE “Strange Love” (Razormaid Classic Mix) - 1987
PET SHOP BOYS & LIZA MINELLI “Losing My Mind” (Ultimix Dub) - 1989
DURAN DURAN “All She Wants Is” (US Master Dub) - 1988
DURAN DURAN “All She Wants Is“ (Ultimix) - 1988
2 IN A ROOM “Do what you want“ (12inch Remix) - 1989
Salut Bertrand, un très bon billet, tout est dit.
RépondreSupprimerIl est vrai que le MP3 n'a pas la même saveur qu'un disque.
Seul point positif que j'attribue à internet coté son: l'accès à des disques (ou fichiers) introuvables en magasins jadis.
Effectivement tu as la fâcheuse habitude de me sortir de la morosité avec laquelle je cohabite pourtant fort bien d'ailleurs.
RépondreSupprimerSache aussi que je préfère ignorer des références que je recherche en vain parfois depuis plus de vingt ans.
Mais malgré tout Monsieur DJB continue d'envoyer du lourd afin de nous impacter!
Brillante diatribe en sus.
Peut-on évoluer sans s'enrichir du passé ? sujet n°1
Doit-on se préoccuper davantage du support musical plutôt que de son contenu? sujet n°2
Vous avez 2 heures Docteur ès musique.
Mais que c'est gigantesque !!! "je kiffe ma race"
RépondreSupprimerDONNA SUMMER & NARADA MICHAEL WALDEN
Ce mix est somptueux !
Quel plaisir ! cette époque surtout de Skydance Mégamix
MERCI