J'ai dû mettre fin à mes projets dans le domaine de la production musicale, faute d'avoir pu trouver des collaborateurs disponibles, impliqués et honnêtes.
Depuis décembre 2012, cette aventure s'est transformée en un long calvaire ponctué par les échecs, les déceptions et les trahisons.
C'est pourquoi, accablé par la situation, j'avais cessé de publier mes billets sur ce blog.
J'ai perdu mes illusions et toutes mes économies dans cette fausse bonne idée que représentait le retour à la production par le biais de la dance music chantée en français.
On m'a laissé croire que c'était un marché porteur, le "sésame" pour revenir au premier plan, que les quotas français étaient une fantastique opportunité, mais au bout du compte tout ceci n'était qu'une vague fumisterie, le marché étant verrouillé par quelques équipes parfaitement organisées et installées dans le petit monde de la musique club.
L'industrie musicale a finalement bien changé depuis mes débuts dans les années 90. Les portes d'entrée qui s'offraient aux débutants à l'époque de l'explosion de la dance et de la house ont aujourd'hui totalement disparu.
De surcroît, les labels, rincés par la crise et en sous-effectifs, ne souhaitent plus faire le travail de développement d'artiste, ce qui était historiquement leur vocation première.
Dans une stratégie de "prise de risques zéro", ils se contentent généralement de signer les tubes européens certifiés ou des titres dont le producteur a déjà réalisé le clip, les remixes, la pochette, le buzz sur les réseaux sociaux (Facebook, YouTube...), et encore mieux, financé une promo média pour tenter de lancer la machine en radio !!!
On se demande aujourd'hui quel est le rôle d'un label dans le succès d'un disque puisqu'il faut leur mâcher le travail. A t-on encore besoin d'un label si l'on dispose de quelques moyens financiers pour se créer un compte "indé" sur une plate-forme de vente digitale et d'un peu de talent dans le buzz marketing ?
Faute de pouvoir compter sur des collaborateurs fiables et motivés, faute de disposer d'un puissant réseau personnel (directeurs de labels, de promos, programmateurs radio, DJ's, fans....), faute d'être doté d'un budget conséquent (compter environ 10 000 euros par titre : cachets artistes, studio, pochette, clip, remixes...), il est presque impossible de percer en France dans ce métier et ce, quelle que soit la qualité des titres proposés.
De plus, les modes ont changé dans le sens d'une hégémonie quasi-exclusive de deux styles :
- l'EDM (Electro Dance Music), style dévolu aux sound designers, aux beatmakers et dans lequel la mélodie, si elle existe encore, s'efface au profit de la seule démonstration sonore.
- Le style latino-tropical (zouk, zumba, merengue, reggaeton...), seul style que les labels français semblent attendre des producteurs locaux.
Si vos compos ne rentrent pas dans ces deux créneaux, mieux vaut passer votre chemin ou vous contenter de faire des disques pour votre plaisir.
J'avais envisagé à l'origine de revenir par une musique qui correspondait à mes valeurs (deep et soulful house), la compromission dans la dance m'a été fatale.
Alors, soyez authentiques, faites la musique que vous ressentez vraiment et peut-être qu'un jour vous caresserez les trompettes de la renommée.
De mon côté, je vais reprendre une activité salariée dans quelques jours, retrouver un équilibre social et me contenter d'écouter et mixer la musique des autres.
J'espère pouvoir continuer à vous proposer mes sets sur DJpod de manière régulière.
Trés déçu que tes projets n'aient pas pu aboutir :( Je me faisais une joie de retrouver tes prods sur le devant de la scène comme à la grande époque des Abyale, Pussy et Chrerry Moon.
RépondreSupprimerLe marché de la musique se mord la queue, ils se plaignent de moins vendre, mais ils ne font rien pour arranger les choses. La stratégie de prise de risque zéro ne peut durer éternellement. Il y aura nécessairement une érosion de la créativité, que l'on peut déjà apercevoir d'ailleurs, quand je vois la richesse des prods de l'époque par rapport à celles de maintenant... c'est franchement triste! Bon, en tout cas, je serais toujours là avec les fans a écouter tes superbes mixes! En espérant sincèrement que tout finisse par s'arranger pour toi! A bientot
Xav
Merci Unexist pour ton message.
SupprimerJe suis triste de l'échec comme chacun le serait mais ces deux années de travail avec les problèmes relationnels et les coups bas que j'ai dû subir m'ont plus abîmé qu'autre chose.
La musique est un loisir extraordinaire mais dès qu'il s'agit d'en faire son métier, cela peut vite devenir un cauchemar. J'avais d'autres préoccupations plus graves à gérer donc le mieux a été de stopper l'expérience pour se concentrer sur des sujets plus concrets : retrouver un vrai travail et un équilibre social
salut.bonne chance pour ton future professionnel ,mais garde cette passion pour la musique,que tu nous fait si biens partager par tes sets stef81
RépondreSupprimerSalut Bertrand,
RépondreSupprimerMon premier sentiment est la déception. Non pas que tu ai stoppé mais tout simplement que les maisons de disques et autres radios ne proposent rien d'autre que de l'electro et de la latino (fausse zouk, etc...). Je sais, pour en avoir parlé longtemps avec toi que ce projet te tenais à coeur, que tu étais supra hyper motivé. Pour que ça ne marche pas et que tu sois contraint d'arrêter, en dépit de ton réseau, dénote bien que la musique est passée dans un autre monde. Les producteurs ne croient plus aux talents. Ils fabriquent de la musique et des artistes"kleenex".
...j'imagine grandement ta décision.
Mais tu rebondis et c'est ce qui est le plus important. Prends un max de plaisir dans ce que tu fais et sers nous toujours de ce breuvage musical qui nous feras toujours chaviré.
Fan des premières heures, je resterai toujours fidèle à tes sets du vendredi, même s'ils seront moins fréquents.
Sais-tu que le bar à bierre où nous nous sommes vu pour la première fois est toujours ouvert ? On se refait ça quand tu veux.
En attendant : let the music play !
Eric L.
Salut Eric,
RépondreSupprimerMerci pour ce message de sympathie. Les temps sont durs depuis fin 2010 en ce qui me concerne (et pour pas mal de Français aussi d'après ce que je constate autour de moi). Je pensais que la musique pourrait être la bouée de sauvetage, mais c'est vraiment trop difficile de revenir sans réseau solide et avec le budget du pêcheur du coin quand on voit les armadas qui se sont constituées. Reprendre une activité salariée est finalement une bonne chose pour évacuer la déception et prendre du recul. On retournera au bar en face du stade un samedi soir quand tu veux.
Bye
Salut Bertrand... que te dire de plus que les commentaires plus haut... c'est triste et malheureusement inevitable de nos jours... apparemment meme les gros noms de la House (Soulful, Deep...) connaissent eux-aussi bcp de probleme pour continuer leur passion... je ne citerai pas de nom ici mais crois-moi la situation est inquietante a tous les niveaux... quand tu auras un peu de temps fais-moi signe sur Skype :-)
RépondreSupprimerBonsoir Bertrand, en tout cas, je ne cesse et je ne pense pas être le seul, de continuer d'écouter tes remixes et compositions musicales. Ta musique est une bouffée d'oxygène et donne la pêche. Merci beaucoup pour tout
RépondreSupprimerBonjour Bertrand,
RépondreSupprimerJ'apprends avec tristesse tes déconvenues. Je n'ai pas les moyens de mesurer les difficultés de l'entreprise, ni le degré de verrouillage de l'accès à la diffusion. Je lisais hier cette interview (bâclée...) de Disclosure http://next.liberation.fr/musique/2013/11/02/disclosure-on-fait-de-la-house-a-l-ancienne_944111
Ils ont 19 et 22 ans... Pourquoi eux et pas toi ? Il n'y a pas de place pour tout le monde ?
Cordialement
Bertrand (un autre...)
Salut l'autre Bertrand :-)
RépondreSupprimerMerci pour cet article qui montre que certains français s'en tirent honorablement, mais en faisant réellement de la house music et non des trucs commerciaux et ils ont tout à fait raison. Cela étant, les ventes ne doivent pas être très importantes non plus, il ne faut pas rêver.
Mais, mieux vaut vendre modestement ET exister que de chercher à faire un hit et se planter car le marché est saturé et les radios inaccessibles. Il n'y a rien de pire pour un artiste que de voir ses oeuvres rester dans un tiroir. L'échec commercial est mieux assumé car au moins le public a donné son verdict.
Si les clubs avaient (comme avant) encore le pouvoir de démarrer les hits que les radios reprenaient par la suite, tout serait simple mais ce sont elles maintenant qui imposent leurs playlistes que les DJ's (serviles) sont obligés de jouer pour faire plaisir à une clientèle ignare qui ne peut danser que sur ce qu'elle connait déjà.
Donc, le système est mort pour les petits producteurs, seuls les grosses armadas pouvant imposer leurs titres en payant notamment aux radios des campagnes de promos et en garantissant des exclus dans des compilations maison. Les "coups de coeur", c'est du bidon pour faire croire aux gens que les radios ont une fibre artistique. "There's no business like show-bizness" et celui qui a encore quelques valeurs n'y trouvera pas son compte.
Il y avait l'époque où chacun avait sa chance... mais ça c'était avant.
Pfui... Désespérant cette affaire. Il n'y a décidément que dans les films ricains que les gentils finissent toujours par gagner.
RépondreSupprimerQuant à la clientèle ignare on pourrait en parler très longtemps. Très très longtemps.
J'ai découvert la nuit dernière dans un set de François K le morceau "ANGELLO & INGROSSO / 82-83" de 2005 qui est une pure merveille de concentré rave (3e minute). J'ai vérifié, tu ne l'as pas joué dans tes sets, et dès la première écoute je me suis dit que c'était du son DJ Bertrand.
Bonne journée !
b.
J'ai écouté et effectivement, c'est de la bonne happy house qui pourrait figurer dans un de mes sets.
SupprimerMalheureusement, les tendances se sont inversées comme le faisait remarquait Bertrand. Avant, les morceaux qui se jouaient et cartonnaient sur les pistes du dancefloor devenaient des hits grâce aux public et Dj's. Je me rappelle d'ailleurs de compilations musicales notamment TOP DJ où, dans le booklet, chaque morceau était commenté par un DJ. Chacun y donnait son avis sur un morceau de musique diffusé en club. Preuve que le DJ avait encore son mot à donner et qu'il restait une clef importante du succès d'un titre. A présent, tout est imposé. On a quand même vcu de très belles années et j'ai encore pas mal de choses à découvrir de ces années là. Je remercie d'ailleurs Bertrand pour Opus III "it's a fine day" DMC remix. Superbe version
RépondreSupprimerDésormais, à part pour draguer peut-être (et encore), il n'y a pas plus grand intérêt pour les jeunes à aller en boîte, surtout pour entendre les mêmes trucs que la semaine. Autant écouter ça tranquille dans sa voiture, le son est aussi bon.
RépondreSupprimerSlt. Moi sui de l'île de la reunion. Sa fai un moment que jecoute tes set. Car jai grandi avec cette musique house eurohouse des années 80 a 90. Good job et continu a nou balancer des son. Grace a tes set jai pu remplir ma collection de maxi vynile qui me manquait.
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