Dj Bertrand ??? ne serait-ce pas le DJ Bertrand alias B. de Carey qui officiait sur SKYROCK dans les années 90 ? je confirme.
The rebirth ? Etait-il mort et enterré ? pas vraiment mais rangé des voitures, oui.L'animation radio était devenue un souvenir podcasté sur un autre site : http://djbertrand.mypodcast.com/
Mes séances de mix avaient été bannies par les voisins de la copropriété dans laquelle je "cohabite" tant bien que mal. A coup de collage de serrure ou de martèlement des murs, le DJ avait dû s'incliner devant les intimidations. Les platines PIONEER CDJ 500 ou TECHNICS SL1200 MK2 trônaient dans mon bureau comme des objets de décoration insolites.
Quant à mon activité de production musicale, elle s'était arrêtée un jour de juin 1999 après que mon studio ait été cambriolé par de vils individus qui, par inculture, avaient dédaigné de rafler mon Jupiter 8 mais surtout le Mini Moog et l'OSCAR, deux synthés d'une valeur inestimable.
Certes, j'avais produit certains artistes comme PUSSY, CHERRY MOON ou ABYALE mais la majorité des productions que je juge les plus représentatives de mes influences musicales n'avaient jamais été commercialisées. Aussi, je garde cette connotation techno-dance qui me sied si peu.Encouragé par un nostalgique du Skyrock de l'époque "pré-rap" qui avait ouvert un forum dédié (http://sky90.forumpro.fr/), je décidais un jour de mai 2008 de rallumer les platines et réaliser un set pour le plaisir puisque tous mes vynils étaient encore à portée de main.
Alors que je croyais la ferveur du mix éteinte à jamais, je me suis surpris à enchainer et stocker les sets jusqu'à la fin de l'année.
J'ai choisi de créer ce blog pour vous narrer chaque semaine la playlist du mix qui sera podcasté le vendredi : anecdotes personnelles et souvenirs attachés, infos sur les artistes ou les remixeurs, techniques de production, samples utilisés....
En prologue à cette saga, je voulais vous parler de ma conception du mix idéal, ces bases qui ont forgé ma culture et ma technique.
Il est primordial d'évoquer d'abord la genèse du clubbing en soulignant cette rigueur qui a été imposée aux premiers DJ’s au début des années 70. Des titres Soul et R’nB aux rythmiques plus puissantes apparaissent alors sur le marché mais malgré leur aspect novateur, ce sont des versions formatées « radio » d’une durée d’environ 3 minutes ne permettant pas d'enchaînements intéressants.
Mais bientôt, avec l’émergence du disco, des albums aux titres d’une durée beaucoup plus longue fleurissent à foison.Les maxis « vynil » avec un titre par face sont une invention de l’ingénieur du son Tom Moulton, acteur fondamental de l’ère disco. Son constat est simple : Le resserrement des sillons des titres figurant sur des albums (LP’s) nuit à la dynamique du son.
En réalisant un « test pressing » d’un titre sur une face entière de vynil, Tom Moulton découvre que l’espacement du sillon qui en découle lui donne une puissance impressionnante, libérant sa dynamique et permettant d’en renforcer les basses. Après des essais concluants en club, la technique du « maxi 1 titre » était née.
Par collage ou trituration des pistes, Tom Moulton entreprend également de rallonger les intros et de rajouter des breaks, ajoutant à l’invention du « maxi-single » celle de l’ « extended mix ». C’est un progrès notable pour les DJ’s mais les collages réalisés au rasoir sur la bande étant approximatifs, ils ne permettent pas de garder un tempo parfait, au garde-à-vous du métronome. Si l’on ajoute le fait que les musiciens jouent en live « à l’oreille » et que les producteurs montent les titres par petits bouts, ne gardant que le meilleur de chaque prise, les morceaux à disposition des DJ’s sont certes jouables mais leur tempo est très instable, variant de plusieurs BPM selon les passages… un vrai casse-tête pour un mixeur consciencieux.
C’est ainsi que certains comme Larry Levan (Paradise Garage, N.Y.C) ou Guy Cuevas (Le Palace, Paris) deviennent des techniciens du mix, décortiquant chaque titre et connaissant par cœur leurs pièges au point de gagner le pari de les mixer à la perfection même si le « lancer au doigt » reste parfois la seule technique possible.
C’est cette école de la rigueur qui a servi de fondement à mon apprentissage. J’y ai ajouté mes propres règles, le tout résumé dans ce petit mémento :
1) Classifier le morceau :
Quel genre, quel tempo, quelle qualité musicale (mettre des étoiles comme pour le Guide Michelin) ?
Voici un exemple de disque répertorié immédiatement après achat par une étiquette qui en indique notamment le tempo (31 = 31 battements sur 15 secondes soit un tempo de 124 BPM).
Le chronomètre est donc un outil indispensable.
2) Respecter les rythmiques :On ne peut pas mixer un morceau plutôt cool avec juste Bassdrum et charlestons avec un morceau de même tempo mais rendu plus nerveux par l’apport de tambourins, ride, congas et autres maracas. Un set doit progresser dans la douceur et les rythmiques doivent s’intensifier progressivement. Mixer un disque minimaliste derrière un titre bourré de percussions produirait un effet désastreux sur la piste. Pour entrer en transe, les danseurs ont besoin de monter en pression. Une fois que la cadence est prise, le DJ est contraint à « l’escalade » dans la richesse du rythme et ne peut plus reculer sauf pour volontairement « casser » la série en cours.
3) Respecter les tempos d’origine : Au-delà d’un +3 et en dessous d’un –1 sur le pitch-bend de votre platine, le résultat est ridicule tant au niveau des voix que du groove.
4) Respecter les harmonies : On ne mixe pas des accords, une voix ou une ligne de basse sur un autre titre qui n’est pas dans la même tonalité. Sauf hasard heureux, ce genre de mix est une cacophonie insupportable pour les oreilles les plus exigeantes. Un demi-ton suffit à créer une fausseté gênante. Il faut donc savoir faire l’impasse sur de nombreuses combinaisons de morceaux, d’où la nécessité de bien les connaître et de tester rapidement au casque les harmonies quitte à changer 3 ou 4 fois de disque.
5) Equaliser les disques en pré-écoute : Ils ne sont pas tous de la même qualité, certains manquant de basses quand d’autres sont trop riches en aigus. Dans la mesure du possible, tenter de rétablir un équilibre. C’est la qualité du support qui détermine souvent la qualité du son, les pressages américains ayant longtemps été la référence en la matière quand les pressages français « au rabais » étaient hélas aux antipodes.
6) Eviter les « flats « sur les bassdrums : C’est l’un des cauchemars du DJ. C’est pourquoi la trituration de l’équaliseur pendant le mix est quasi-indispensable. Soit vous choisissez que le disque « entrant » s’impose de suite auquel cas vous couper les graves de celui en cours au moment du mix, soit vous décidez de le faire entrer progressivement et ce sont ses propres basses que vous atténuez.
7) Pré-écouter des 2 pistes en même temps au casque : D’autant plus que vous jouez en salle et que le son que vous percevez accuse un retard de quelques centièmes de secondes, même si vous disposez d’un HP de pré écoute, rien ne vaut la vérification des deux pistes simultanément au casque avant lancement. De même, comme vous connaissez les retards ou avances des breaks dus à des montages approximatifs (car les américains copient-collent tous les mixes, c’est une manie ancestrale !), cela vous permet d’anticiper afin de coller exactement au tempo à l’envoi de la piste.
8) Recentrer les disques mal pressés :
Un vynil sur deux possède des sillons qui se baladent d’avant en arrière car, suite à un pressage "torché", le trou central n’est pas exactement placé au milieu.
Encore une fois, l’effet est désastreux à l’oreille sur les titres possédant des parties avec nappes et violons et je me demande si cette divagation du sillon ne nuit pas à la régularité du tempo.
Ma méthode un peu « bourrine » : reconstruire son vynil en agrandissant le trou central et en le réajustant avec du chatterton une fois le point d’équilibre retrouvé sur la platine.
C’est une décision douloureuse mais inévitable pour tout DJ pro.
9) Prendre soin de ses vynils : Tel un Lil’ Louis que j'ai vu mixer et qui essuie précautionneusement ses disques avant usage, les traiter avec douceur. L’humidité, le sucre et le tabac sont les ennemis du vynil. Les mains sales aussi. Si l'on mixe, on ne fait que ça (en étant l’incarnation du « DJ aux mains propres ! »). Cependant, en cas d’accident, il est toujours possible de récupérer le vynil en le frottant avec un chiffon doux imbibé d’alcool à 90° par un geste circulaire qui suit le sillon. Cependant, plusieurs écoutes seront nécessaires à évacuer la crasse.
Enfin, bien évidemment, éviter de poser violemment le diamant sur le vynil ou de le labourer par des gestes précipités. Toute rayure est DEFINITIVE quand un craquement dû à la saleté peut encore être éliminé. N'oubliez pas non plus la honte du "DJ au disque rayé". Lui aussi se trouve vite rayé des listes. Si votre vieux vynil qui a dormi à la cave pendant 10 ans craque de tout son corps, c’est qu’il a accumulé de l’humidité mais vous pourrez le rénover à coup sûr.
A l'instar d'un lundiste de presse, je vais devenir un "vendrediste" du mix et vous donner rendez-vous le 16 janvier pour le premier set de la résurrection de DJ Bertrand !
Bjr Bertrand, je suis bien content de te voir renaitre avec passion et de lire ces lignes qui seront à coup sûr de nouvelles references pour moi. Je te remercie d'avoir fait un petit clin d'oeil à mon petit forum et moi même. Si j'ai participe à ce nouvel élan, j'en suis plus que ravis. De ton côté, ton regard avisé sur les qualités d'un bon mixe m'a permis de mieux m'affirmer dans l'idéal du DJ. Mon chemin continue tranquillement vers cet objectif...à trés bientôt en espèrant te voir un jour en plein mixe yeux sur tes cellules et calibrant le tempo d'un Dancefloor endiablé.
RépondreSupprimerMika
Merci de ta visite, Mika. J'ai également mis des liens vers ton forum un peu partout.
RépondreSupprimerJ'ai reparlé de toi sur le commentaire de mon premier set.
A bientôt.
Salut DJ Bertrand,
RépondreSupprimerMerci pour cette leçon de mix ambitieuse et exigeante.
Je n'avais jamais rien lu ou entendu au sujet du recentrage des disques mal pressés : c'est une exclu DJ Bertrand, bel exemple de ta "science".
Une petite question pour finir : quelle est ta "méthode" personnelle pour déterminer en quelques secondes le disque le plus rapide ?
A plus,
Funky Fresh
Il faut dire que je suis un Dj du genre pointilleux :-)
RépondreSupprimerTrès vite, les disques mal centrés m'ont agacé et j'ai trouvé cette astuce qui fonctionne et qui dure dans le temps (si l'adhésif est de bonne qualité).
Quant au tempo des disques "à l'oreille", c'est possible de le déterminer à 3 ou 4 BPM près mais, je préfère le noter systématiquement en haut de la pochette pour éviter de perdre du temps car en soirée, le temps gagné permet plus d'essais et une meilleure préparation.
Superbe article que je viens juste de découvrir !
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