Les artistes français ont-ils profité de la vague disco à la fin des années 70 ?
A l'instar des anglos-saxons, ils ont su faire preuve d'opportunisme, Marc Cerrone ayant déjà tracé la voie pour eux.
Le nom qui vient immédiatement à l’esprit est celui de Claude François.
En 1977, il est prêt à en découdre avec cette critique qui le juge trop mièvre en concoctant un album disco qui doit imposer le respect.
«Magnolias forever» et surtout «Alexandrie, Alexandra» sont des tubes imparables mais, un jour de mars 1978, le destin décide que Claude François n’ira pas plus loin.
Déjà frôleuse la Grande Faucheuse par deux fois, en 1975 et 1977.
L’un de ses poulains, Alain Chamfort, entre précocement dans la spirale et réalise en 1975 «Le Temps qui court», une adaptation française très romantique et calme du «Could it be Magic» de Donna Summer.
Lassé de jouer les chanteurs à minettes, il part à Los Angeles durant l’année 1979 et enregistre son album «Poses» avec 4 requins de studio, les futurs membres du groupe Toto. Sur cet album figurera un titre de Gainsbourg, «Manureva», vendu à 1 million d’exemplaires.
Gainsbourg ? Ça serait peu le connaître que de penser qu’il n’a pas aussi profité de cette déferlante. Dans le registre de la provocation soft, il délivre avec cette facilité qui exprime le talent «Sea, sex and sun», des textes aussi insignifiants que l’arrangement est brillant, logique exercice de style puisqu’il illustre le film «Les Bronzés» en 1978.
Polnareff est en plein cœur de l’action aux Etats-Unis ; il compose en1976 un instrumental flamboyant, «Lipstick», bande originale du film du même nom, mais, hélas, ce furieux riff de guitare wah-wah et ces envolées de violons discoïsantes ne traverseront pas l’Atlantique.
La même année, sous l’impulsion de son frère Orlando, le «précurseur», Dalida revisite en version disco une vieille chanson d’avant-guerre de la chanteuse Rina Ketty, «J’attendrai», un hit dévastateur.
Passée dans l’écurie Carrère, elle enchaîne sans faiblir : le medley «Génération 78» en 1978, «Laissez-moi danser (Monday, Tuesday)» en 1979 et enfin «Gigi in Paradisco» en 1980 ; Guy Lux et les Carpentier peuvent se gaver des prestations scéniques de la diva à paillettes, sans doute la plus douée de tous pour l’exercice.
Patrick Juvet est le parfait exemple d’une reconversion disco totalement réussie. Métamorphose du chanteur fadasse en icône gay. «Où sont les femmes ?» en 1977 puis, l’année suivante, «I love America», fleuron de sa période «californienne», titre-fleuve de 14 minutes aux arrangements cosmopolites signés Morali/Belolo, sont des hymnes désormais intemporels.
France Gall a eu de la chance dans sa vie…à un moment. Elle rencontre ce compositeur modulaire et éclectique qu'est Michel Berger.
Très prolifique, il écrit en 1977 l’album «Dancing Disco» sur lequel figure «Musique». A l’instar d’un McCartney, l’homme de génie démontre qu’il peut s’adapter à tous les styles et la petite France assure.
Ringardisée par la critique, Sheila se montre aussi opportuniste mais en catimini.
En 1977, elle sort «Love me baby» sous le pseudo de S.B. Devotion.
Démasquée mais rassurée par le succès rencontré, elle s’acoquine à son tour avec les deux producteurs de Chic qui lui façonneront «Spacer», ce titre mythique au son gras et dépouillé si caractéristique du duo.
Mais sur elle aussi la malédiction du disco s’abat et sa carrière déclinera inexorablement.
Citons juste pour l’anecdote les tentatives plus ou moins réussies de Régine (la pathétique reprise du «I will survive» de Gloria Gaynor), Karen Cheryl («Sing to me Mama»), Martin Circus («Shine baby shine») et Sylvie Vartan («Disco Queen»).
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