Ce 3ème set propose une remontée progressive des bas-fonds de l’ «underground house» vers le «paradis des harmonies» où foisonnent somptueuses mélodies et voix de divas.
Lorsque j’écoute les nombreux sets qui jalonnent la Toile, je constate souvent qu’ils sont totalement dénués de parties vocales et d’arrangements flamboyants. Parfaitement calibrés pour des soirées d’initiés, des soirées où le dub, la rythmique ou le gimmick priment sur l’émotion de la voix, ils deviennent vite ennuyeux pour des gens comme moi.
De là à dire pis que pendre sur ce genre de sets, il n’y a qu’un pas de danse que je franchis. Combien de fois ai-je entendu dans la bouche de DJ’s : «je vais pas m’emmerder avec les voix, je joue que les dubs» ou, pire encore, «les voix, ça gêne le mix».
N’y a t-il pas une certaine facilité à ne jouer que des titres qui peuvent s’enfiler comme des perles sans risque ? En matière de house, je considère qu’un set doit être une fête, une communion avec le public et non un prétexte à se faire plaisir en mixant une litanie d’instrumentaux.
Cela étant, admettons que, si les remixeurs fabriquent systématiquement des dubs, c’est qu’il y a une clientèle pour ça.
Alors, sans doute que mes sets sont autant faits pour être écoutés que pour être dansés. Mes maîtres sont les «Frankie Knuckles» , les «Louie Vega» et tous ceux qui ont l’audace de mélanger les styles, de casser le tempo et surtout de glisser des accapellas bien sentis sur les instrumentaux.
1/ J’ai choisi de démarrer du tréfonds de l’underground par le Clichy’s Mix du «Felix Yo !» de ALËEM, production française du label Pro-Zak Trax.
2/ Très vite, le bone-apella de «Work it to the bone» de LNR. vient s’imbriquer pour un court «mash-up».
3/ David Morales rend une copie parfaite avec le remix de «Let’s get busy» des suédois de CLUBLAND dont les titres reviendront très souvent dans mes futurs sets.
4/ SANDEE «Notice me» : Une des toutes premières productions de Clivillés & Cole, encore très underground.
5/ COLDCUT feat. LISA STANSFIELD «People hold on» : excellent remix signé Eric Kupper, membre historique de la team DEF MIX, l’homme des claviers, celui qui donne la touche jazz-garage aux mixes de Morales ou de Knuckles.
6/ Le Final D-Mix de «That’s the way of the world» de D MOB est l’un des titres-cultes de l’œuvre pléthorique de David Morales, un mix qui a provoqué en moi cet amour maîtrisé pour ce genre musical malheureusement (ou heureusement ? ) zappé par la France. Ça n’est pas faute d’avoir vanté ses vertus au micro de SKYROCK. Le «garage» compte beaucoup de sous-productions ennuyeuses mais lorsqu’un chef d’œuvre surgit, il est là pour l’éternité.
7/ LIL' LOUIS «Birds and trees» : ce bootleg acheté au magasin VIBE STATION de le Rue du Faubourg St-Antoine (Paris) est une énigme. C’est la face B d’un maxi contenant 2 mixes originaux de «Club Lonely». La pépite serait donc cette face B à la loop sale et au riff de piano jazz qui semble provenir d’une vieille production house.
8/ Pour CODE 718 et «Equinox», j’avoue que j’ai copié. Copié une idée entendue dans un set de Paul Armstrong pour la Max Party. Copier, c’est bien mais améliorer l'idée est plus louable. C’est sans doute l’un des mash-ups qui m’a demandé le plus de travail entre stretching, pitching et effets sur l’accapella de «Tears» mais je pense que le résultat est au bout.
9/ Je me permets la fantaisie de rehausser d’un demi-ton le cri langoureux de Robert Owens pour faire la transition avec JAMIROQUAI «Emergency on planet earth». Les Masters at Work m’avaient un peu déçu sur leurs remixes mais Danny Tenaglia sauve la mise avec de nombreux mixes garage classieux dont ce «Fingertips dub».
10/ KATHY SLEDGE «Heart» : immersion dans le «Paradis des Harmonies» avec une version dub légendaire de Roger S. Légendaire, certes, mais difficile à mixer, le tempo se permettant quelques libertés dues, sans doute, à un gros charcutage en editing.
11/ SHAWN CHRISTOPHER «Don’t lose the magic» : le break est interminable, laisse 10 000 fois le temps de mixer mais je ne pouvait pas vous priver du solo de piano électrique de fin dont je présume que la paternité revient à Eric Kupper, Morales n’étant pas un clavier mais un spécialiste des rythmiques.
12/ Une «Double priority» comme j’aurais dit à l’antenne de Skyrock avec «Make my love» remixé par le suédois Stonebridge. Décidément, cette école suédoise ne finit pas de nous étonner avec aujourd’hui Axwell, Sebastian Ingrosso, Steve Angello et Eric Prydz. Comme je l’ai souvent écrit, ce sont les pays européens où le système scolaire donne la plus grande part aux activités culturelles qui nous sortent les meilleurs producteurs (Allemagne, Suède, Islande, Norvège…).
13/ DONNA ALLEN «He is the joy» : A l’heure où les productions gospel-garage de qualité font figure d’événement (on les compte sur les doigts d’une main chaque année), ce mix des URBAN BLUES PROJECT est l’un des 10 chefs-d’œuvre de la décennie 90. De ce que j’ai entendu récemment, seul le «He is» de COPYRIGHT et le «Never Again» de KATHY BROWN le disputent en puissance avec ce titre.
La base musicale de "He is the joy" reprend en grande partie le "Whistle Bump" d'EUMIR DEODATO (comme beaucoup d'autres mixes garage).
14/ DONELL RUSH «Symphony» Début d’un triptyque spécial E-SMOOVE, fidèle lieutenant de Steve Silk Hurley. Lui aussi peut se targuer d’une œuvre pléthorique et qualitative en matière de remixes. Je possède d’ailleurs pratiquement tous les mixes de ses débuts. Toujours présent en complément des mixes de Steve Silk Hurley, il lui est parfois arrivé de dépasser le maître. Ce sautillant mix de «Symphony» en est la preuve et son collègue Maurice Joshua ne s’est pas privé de le jouer en boucle pendant 10 minutes dans son set pour la Max Party.
15/ THE BEATMASTERS «Dunno what it is» : remix nerveux, efficace, toujours facile à mixer, totalement dans l’esprit d'Eric «E-smoove» Miller et c’est pour ça qu’il est l’un de mes remixers préferés.