jeudi 14 mai 2009

N° 18 : The Full of Glamour Megamix (Victor Simonelli, Blue 6, Danny Tenaglia, Nuyorican Soul, Mousse T.)

Set non disponible






Glamour
: nom anglais signifiant charme ou fascination.
C'est bien le meilleur qualificatif pour parler du garage et de la deep-house, une musique qui m'a ensorcelé il y a 20 ans et qui me possède toujours.
J'ai beau me dire que tous ces titres finiront par paraître surannés, rien n'y fait, la magie est intacte.

Full of Glamour : un clin d'oeil appuyé au nom que le producteur d'Abyale donna à mon premier remix commercialisé en février 1991 (I wanna be your lover too). Je l'ai réécouté il y a peu et, grâce au renfort d'arrangements effectués dans le break et l'ad lib par Fred Riester lors de la session de mixage, le titre a bien supporté le poids des ans. Sans ce petit lifting de dernière minute, peut-être semblerait-il un peu mièvre aujourd'hui.

Egrenons maintenant ces titres au charme si envoûtant.

1/ CREATIVE FORCE "It's so good" : une production jouissive signée Victor Simonelli, l'une des grandes figures du New Jersey Garage... un visage qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le Travolta de La Fièvre du Samedi Soir !
Enfant de la FM new-yorkaise, ce sont des "radio DJ's" tels que Tony Humphries ou Shep Pettibone qui forgeront sa culture musicale. Lui aussi fera son apprentissage en tant qu'ingénieur du son au service d'une pointure, Arthur Baker.
Cette filière technique semble assez évidente dans la saga des grands remixers américains.

Producteur à part entière à la fin des années 80, il effectue un démarrage discret avec des titres underground sous le pseudo de THE BROOKLYN FUNK ESSENTIALS (We got to come together - 1988) avant de s'imposer en 1992 dans la "dream team" du garage new-yorkais avec CLOUD NINE (Do you want me) et UNDERGROUND COMMITTMENT (I know a melody), titres figurant sur Sub-Urban Volume One, une compilation d'un des labels que possède son ami Tommy Musto, avec qui il collabore régulièrement.

CREATIVE FORCE est l'un des pseudos utilisés par le duo (COLOURBLIND, T.M.V.S.) et le titre It's so Good, sorti en 1993, sample avec bonheur le piano Rhodes qui ouvre le Summer Madness des KOOL & THE GANG. J'aurai l'occasion de vous présenter d'autres morceaux signés par l'ami Simonelli.

2/ BLUE SIX "Music and wine" : 1998. Cela fait longtemps que j'ai fait mon deuil de l'avènement de cette musique garage largement programmée dans mes émissions sur Skyrock. Pourtant, en 1995, une compilation nommée Penetrate Deeper et produite par le duo Deep Dish m'avait littéralement embarqué, me laissant penser que cette deep-house allait exploser d'une urgence glamour qui contaminait l'ensemble des titres du tracklisting. Elle fit long feu en France, n'étant même pas commercialisée alors qu'elle représentait un must absolu. C'est d'ailleurs vers le milieu des années 90 que le garage a entamé son déclin irréversible.

En ce début d'année 1998, ma carrière de producteur est proche de la fin. Ayant tourné la page Cherry Moon, moi et mon associé éprouvons les pires difficultés à signer nos titres "garage", qui représentent pourtant notre objectif prioritaire.
Je rend visite à la promo club de BMG où je retrouve un ancien du label Airplay, Gino Castagnette. Nous avons déjà tenté ensemble de populariser le garage en 1994 avec la compilation Rave Zone Garage. Il me parle d'un nouveau groupe, BLUE 6, qui possède les atours pour me réconcilier avec cette musique qui s'en va à vau-l'eau et me fait écouter le titre Sweeter Love. C'est la grande claque ! Un titre "full of glamour" qui provoque cette fameuse érection capillaire chère à André Manoukian !
Un nouveau style "garage" d'une grande sophistication, des arrangements ciselés où la douceur des voix aurait remplacé les grandes envolées lyriques des divas. Cette voix suave est celle de Lisa Aya Trenier.
Et si la deep-house et le garage avaient enfin trouvés leur maîtres avec les producteurs de ce label Naked Music Recordings, Jay Denes et David Boonshoft ? François Kevorkian avait eu du nez en distribuant leur deux premiers singles : Do ya like it ? et le fameux Sweeter Love. Dès lors, la machine est lancée et des artistes plus magiques les uns que les autres émergent : AYA et BLUE SIX, les pionniers, puis MIGUEL MIGS (a.k.a. PETALPUSHER), LOVETRONIC, AQUANOTE, LISA SHAW, GAELLE, ANDY CALDWELL.
10 ans après, ils tiennent tous le haut du pavé et insufflent un vent de modernité à un style pourtant à l'agonie. La France continue de snober royalement ce mouvement, préférant se concentrer sur la scène rock, ragga et rap (Canal + ou France Télévisions ont-ils déjà chroniqué ou programmé l'un de ces artistes dans leurs émissions-phares que sont le Grand Journal ou Taratata ?) ce qui fait que les "soulful house lovers" comme moi deviennent élitistes sans l'avoir cherché. Il faut dire que toutes les personnes avec qui j'évoque ma passion pour les artistes de Naked Music me regardent avec un air ébahi.

3ème single du groupe Blue 6, ce Music and Wine apparait "quintessentiel", et ce remix de Attaboy d'une urgence absolue.

3/ DANNY TENAGLIA "Look ahead" : extrait de l'excellent l'album Hard & Soul (1996), ce titre met en valeur la voix de Carole Sylvan, une choriste créditée sur de nombreux titres garage et funk depuis 1979 (Inner Life, Sharon Redd, C&C Music Factory, Barbara Tucker, Byron Stingily...).

4/ DANNY TENAGLIA feat. Teena Marie "Baby, do you feel me ?" : une "double priority" méritée pour Tenaglia qui frappait encore un grand coup avec son album Tourism sorti en 1998. Ce titre voit l'apparition eu guest-vocal de Teena Marie, une artiste assez atypique du mouvement funk des années 80 ; compositeur-interprète et productrice de ses albums, je vous invite à découvrir cette chanteuse blanche au swing impeccable sur des titres comme Behind The Groove, I Need Your Loving ou Square Biz.

5/ HALO "Keep reaching" : du pur garage avec cette production de Frankie Feliciano sortie en 1997 sur son label Riconstruction. Une fois de plus, le titre s'envole grâce à la performance de cette sacrée Carole Sylvan. Il serait judicieux qu'un producteur lui concocte un album à sa mesure.

6/ NUYORICAN SOUL feat. Jocelyn Brown "It's alright, i feel it" : Nuyorican Soul est l'ambitieux projet imaginé par les Masters at Work : réaliser un album où fusionneraient tous les styles, du jazz au disco en passant par la salsa. Réunir Eddie Palmieri, Roy Ayers, George Benson, Tito Puente et Vincent Montana Jr. relevait de la gageure mais... aux Masters rien d'impossible.
Je réalise ici un léger mash-up sur l'ad lib en incluant l'accapella du All i need de UNA MAS.

7/et 8/ INDIA & NUYORICAN SOUL "I love the nightlife" : un double pack mémorable pour cette B.O.du film The last days of Disco sorti en 1998. Le tracklisting est à l'aune de celui du film Studio 54... carrément premium ! Ce I love the night life est une relecture admirable du titre de Alicia Bridges sorti en 1978. L'ex-compagne de Louie Vega, India, envoie le bois !

9/ HELLER & FARLEY PROJECT "Ultra flava" : Autant l'original était hypnotique et minimaliste, autant ce remix de Mousse T. et Boris Dlugosch baigne allègrement dans une ambiance happy house enrichie par un refrain choral. Au passage, rappelons que l'original avait pour base les arrangements du remix du How Long de Ultra Naté réalisé par le duo anglais. Sans doute en avaient-ils immédiatement capté le potentiel pour prévoir de le ressortir sous un nouveau nom. Futés british !

10/ DA MOOCH feat. Ellis Miah "Send me some love" : un titre glané sur le Ministry of Sound Sessions Eight réalisé par Todd Terry. Une compilation à se procurer d'urgence tant le tracklisting est remarquable.

11/ Final avec l'un des fleurons de l'oeuvre de Mousse T., un remix improbable du "L'Ombelico del Mondo" de JOVANOTTI. A l'écoute de l'original qui s'inscrit dans un style "rock festif" à la Mano Negra, on mesure que seul le génie du remixer peut aboutir à un résultat aussi éloigné et non moins sompteux.

5 commentaires:

  1. POUR INFO :

    La pochette du maxi de Blue 6 "Music and Wine" qui illustrait ma galerie d'images a été censurée par Photobuckets.
    Avec ce puritanisme outrancier, on est aux confins du ridicule chez les américains.
    Vous jugerez par vous même en voyant cette pochette sur Discogs.

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  2. Je vois plusieurs DJs qui jouent "L'ombelico del mondo" alors que je n'ai jamais entendu parler de ce track...
    Oh well, we shall listen!
    Bonne semaine Bertrand.

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  3. Salut Renaud. Ce mix de Mousse T. est limite latino... une grande invitation à la fête, déjà un classique. Ecoute l'original pour juger de la transformation étonnante réalisée sur ce remix.

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  4. merci pour ces mixs et le site superbement bien detaillé !!
    il y a pas beaucoup de blogs house , deep, house, garage !! on est envahis par l electro pop barré et le variete sans melodies sans ames sans sensations pour ados en herbe !( j ai essayé mais meme bourré ca vient pas lol )!
    pour dire que moi je me suis mis sur musicblog pour le fun, et bien je suis un extraterreste parmis tout ces consommateurs de soupes electro bons marché!(pour la plupart)
    ca se prend pour des djs et n' ont aucunes galettes et ne connaissent meme pas les premiers dj house et se contente d absorber se que diffuse les radios fm ! moi, je trouve que la france est vraiment 'out' niveau ouverture d esprit,rien a voir avec nos voisins du dessus par example! les medias font mal leur taf !!(faute au profit ) bref j' arrete mon coup de gueule !!
    ca serait bien qu' un jour tu mix au djoon a paris, tu connais surement! il y a beaucoup de gros dj comme maw , morales ,meme india(live) ...
    (c est pour moi le seul club deep ,house, garage de paris now )
    a moins que se ne soit deja fait et je l ai raté !!
    j ai mis ton lien sur mon site en esperant qu' il y est des fins gourmets mais c est pas dit lool !!
    my blog (amateur je precise )
    deepnhouse.musicblog.fr

    bonne continuation

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  5. Salut Deeper.

    Bonne analyse de la situation. La France n'est pas culturellement et historiquement capable de relever le défi de la qualité.
    Les américains ont inventé la house, les anglais sont les enfants de la soul de la Motown, cette fameuse Northern Soul mais nous, Français, n'avons aucune base solide en black music. Les médias sont tenus par des gens issus du rock d'abord puis récemment par des gens des musiques dites urbaines. Donc rien à voir avec l'esprit des blacks américains souvent guidés plus par la spiritualité que par la rébellion (bien que les années 70 soient jonchées de titres-brûlots et malgré tout tubesques).

    J'ai tenté de proposer mon format dans les radios FM indépendantes, mais rien n'y fait, "tu es électro ou tu passes ton chemin". Donc, on est pas prêt de m'entendre dans ce pays.

    Je connais le Djoon et ses fameux Guest DJ's mais je n'ai peut-être pas la notoriété pour jouer chez eux, ayant été plutôt un DJ radio.

    Merci pour ton lien. Je te fais l'échange.

    Bye

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