vendredi 27 septembre 2013

N° 198 : head above water (Worship, Jermaine Jackson, Mantronix...)


Set non disponible

Accaparé depuis le début de l'été par la préparation d'un gros concours administratif nécessitant une somme conséquentes de connaissances, j'ai eu toute les difficultés à vous concocter des sets. Comme pour tout concours, les postulants sont nombreux et les places sont chères et particulièrement pour cette session où, compte tenu de l'ampleur de la crise, le record absolu de candidats a été atteint. J'avais déjà connu ces challenges lors des concours des grandes écoles (HEC, Essec...) en 1980.

Désormais salarié à plein temps, je vais faire mon possible pour vous proposer des sets régulièrement, mais le rythme hebdomadaire ne pourra peut-être pas être tenu.

Ils seront toujours écoutables sur DJPod, mais les playlistes et commentaires seront désormais regroupés sur mon blog, l'interface DJPod étant hélas devenue totalement contraignante pour pouvoir s'exprimer.

1/ INNER CITY "Till we meet again" (Reese in London Mix) : un downtempo mélancolique dans la lignée du légendaire "Watcha gonna do with my lovin'". Aux vocaux, on peut entendre Byron Stingily.
Ce single a été proposé à l'époque en plusieurs packs. Le Reese in Detroit Mix est assez similaire mais avec une loop sale et saturée. le Reese in Rio Mix est totalement instrumental et met en valeur un solo de trompette bouchée.

2/ JANET JACKSON "Nasty" (Cool Summer Mix part 2) : nettement plus musical que la version originale, ce remix contient des samples de What have you done for me lately, un autre tube du fantastique album Control sorti en 1986 et produit par Jimmy Jam & Terry Lewis.

3/ PETER KITSCH "ABC pour Casser" : sans doute l'un des titres funky français les plus intelligemment construits : un abécédaire qui fait figure de plan pour raconter une rupture sentimentale, il fallait y penser.
La fille qui ponctue chaque fin de phrase par une onomatopée dans un style très "Gainsbarre-Bardot" est une certaine Olivia, à l'époque hôtesse d'accueil chez Sony (alors situé Avenue de Wagram) et qu'on ne pouvait pas ne pas remarquer en arrivant dans le hall !

4/ KOFFEE BROWN "After Party" (Extended Remix) : un "one shot" très classieux de ce duo américain formé par Fonz et Vee. Le single atteindra en 2001 la place n° 10 du Billboard R&B Charts. Vous aviez déjà entendu l'accapella dans un autre set, sur un titre de Moulton Studios, Where da party at?.

5/ C & C MUSIC FACTORY "Do you wanna get funky" (Vocal Dub Mix) : un dub légèrement plus jazzy que l'original. Un titre qui  nous rappelle hélas que ce duo manque cruellement à la musique club quand tant d'autres groupes encombrent le marché avec des titres dénués de toute finesse.

6/ DE LA SOUL "Ring Ring Ring" (Mike Gray's DMC Mix) : un titre archi-rabâché dans le Top Dance en 1991 et plus gros succès du groupe De la Soul. Leur dernier album sorti en 2012 est passé assez inaperçu malgré la qualité des compos. On préfère nous infliger le summum de l'égocentrisme imbécile, Kanye West.

7/ MANTRONIX "Got to have your love" (Club Mix) : les auditeurs de Maxximum connaissent bien cet excellent titre de hip-house. On est très loin de l'électro dépouillée des débuts (Fresh is the world - 1985).

8/ LOOSE ENDS "Love's got me" : je persiste dans la loop "Funky Drummer" de James Brown (utilisée dans 142 653 productions à l'époque) avec la version originale de Love's got me bientôt surpassée par le remix magistral signé David Morales. C'est fou comme le talent de l'arrangeur (ligne de basse à la Jamiroquai, nappes de violons languissantes et cuivres scintillants) fait immédiatement la différence à l'oreille.
Je pense que ce titre reste un immense hommage à Marvin Gaye, mais c'est peut-être le style d'interprétation du chanteur Carl McIntosh qui me fait dire cela.

9) NIGHTCRAWLERS "Push the feeling on" (Extended Mix) : je suis persuadé que peu de gens connaissent cette version originale submergée d'entrée par l'audacieux remix de Marc Kinchen, qui transformait quelques bribes de phrases stretchées en un gimmick imparable.

10/ WORSHIP "Alpha Centauri" (Original Mix) : merci à Ariel Wizman pour m'avoir fait découvrir ce titre délicieusement "Eighties" sur Canal + un midi. Il est extrait du E.P. Close Encounter réalisé par le producteur suisse Worship, sous influence italo-disco style Giorgio Moroder (écoutez également le titre éponyme).
Si les Daft Punk avaient sorti ce single, on aurait crié au génie, mais dans le cas présent, seuls quelques milliers de "branchés" doivent connaître .C'est cela la clé du succès, le marketing, rien que le marketing.

11/ DEN HARROW "Bad boy" (Remix) : on reste d'ailleurs dans l'italo-disco avec ce remix rageur de  Bad Boy de Den Harrow, l'un des chefs d'œuvre du genre. Un son énorme digne des années 80.

12/ JERMAINE JACKSON "Tell me i'm not dreamin'" : Michael Jackson était venu réaliser un featuring sur l'album du frangin Jermaine. On retrouve sur le même album le tube Sweetest, sweetest. Quelques temps plus tard, Jermaine Jackson ira faire le con avec Pia Zadora sur l'hyper-putasserie When the rain begins to fall.
Si vous êtes fans de Jermaine, jetez vous sur l'album Let's Get Serious" sorti en 1980 et qui est une tuerie.

13/ Final avec un bootleg signé de DEADLY SINS, des habitués de mes sets, avec cette fois-ci "Can't Stop" du cosmic disco qui est un re-edit du titre Stop du groupe B.W.H. sorti en toute discrétion en 1983. Il faut admettre que le refrain est particulièrement naze et que les Deadly Sins ont agi avec lucidité en privilégiant l'envolée de piano digne d'une production de Nile Rodgers et Bernard Edwards. 

jeudi 26 septembre 2013

Dance music : la grande illusion



J'ai dû mettre fin à mes projets dans le domaine de la production musicale, faute d'avoir pu trouver des collaborateurs disponibles, impliqués et honnêtes.
Depuis décembre 2012, cette aventure s'est transformée en un long calvaire ponctué par les échecs, les déceptions et les trahisons.
C'est pourquoi, accablé par la situation, j'avais cessé de publier mes billets sur ce blog.

J'ai perdu mes illusions et toutes mes économies dans cette fausse bonne idée que représentait le retour à la production par le biais de la dance music chantée en français.
On m'a laissé croire que c'était un marché porteur, le "sésame" pour revenir au premier plan, que les quotas français étaient une fantastique opportunité, mais au bout du compte tout ceci n'était qu'une vague fumisterie, le marché étant verrouillé par quelques équipes parfaitement organisées et installées dans le petit monde de la musique club.

L'industrie musicale a finalement bien changé depuis mes débuts dans les années 90. Les portes d'entrée qui s'offraient aux débutants à l'époque de l'explosion de la dance et de la house ont aujourd'hui totalement disparu.
De surcroît, les labels, rincés par la crise et en sous-effectifs, ne souhaitent plus faire le travail de développement d'artiste, ce qui était historiquement leur vocation première.
Dans une stratégie de "prise de risques zéro", ils se contentent généralement de signer les tubes européens certifiés ou des titres dont le producteur a déjà réalisé le clip, les remixes, la pochette, le buzz sur les réseaux sociaux (Facebook, YouTube...), et encore mieux, financé une promo média pour tenter de lancer la machine en radio !!!

On se demande aujourd'hui quel est le rôle d'un label dans le succès d'un disque puisqu'il faut leur mâcher le travail. A t-on encore besoin d'un label si l'on dispose de quelques moyens financiers pour se créer un compte "indé" sur une plate-forme de vente digitale et d'un peu de talent dans le buzz marketing ?

Faute de pouvoir compter sur des collaborateurs fiables et motivés, faute de disposer d'un puissant réseau personnel (directeurs de labels, de promos, programmateurs radio, DJ's, fans....), faute d'être doté d'un budget conséquent (compter environ 10 000 euros par titre : cachets artistes, studio, pochette, clip, remixes...), il est presque impossible de percer en France dans ce métier et ce, quelle que soit la qualité des titres proposés.

De plus, les modes ont changé dans le sens d'une hégémonie quasi-exclusive de deux styles :
  • l'EDM (Electro Dance Music), style dévolu aux sound designers, aux beatmakers et dans lequel la mélodie, si elle existe encore, s'efface au profit de la seule démonstration sonore.

  • Le style latino-tropical (zouk, zumba, merengue, reggaeton...), seul style que les labels français semblent attendre des producteurs locaux.
Si vos compos ne rentrent pas dans ces deux créneaux, mieux vaut passer votre chemin ou vous contenter de faire des disques pour votre plaisir.


J'avais envisagé à l'origine de revenir par une musique qui correspondait à mes valeurs (deep et soulful house), la compromission dans la dance m'a été fatale.
Alors, soyez authentiques, faites la musique que vous ressentez vraiment et peut-être qu'un jour vous caresserez les trompettes de la renommée.

De mon côté, je vais reprendre une activité salariée dans quelques jours, retrouver un équilibre social et me contenter d'écouter et mixer la musique des autres.
J'espère pouvoir continuer à vous proposer mes sets sur DJpod de manière régulière.