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Ainsi s'achève une décennie qui n'aura pas été frappée du sceau de la splendeur.
Abstraction faite de tous les drames qui l'ont marquée, son bilan musical n'est guère reluisant.
Sur le déclin car méprisée par les médias, la musique club et notamment la house music, sa cheville ouvrière, se sont vues regroupées sous l'appellation générique de "musiques électroniques" afin de tenir dans un seul rayon dans les grands magasins culturels, véritable fourre-tout qui déroute encore un peu plus les consommateurs.
Dieu sait pourtant que les sous-genres se sont multipliés et qu'il aurait été du devoir des disquaires de bien différencier les divers courants.
Concernant l'esprit originel de la house, c'est le Fort Chabrol d'une poignée de producteurs.
Heureusement, quelques "grands" portent encore l'étendard et leurs disciples émergent peu à peu.
En effet, ce sont les DJ's, souvent starisés, qui ont totalement éclipsé les artistes (accessoirement DJ's) dotés d'une réelle sensibilité musicale en inondant le marché de titres aux mélodies souvent simplistes et aux arrangements d'une pauvreté indicible.
Le but avoué par beaucoup est aujourd'hui de réaliser un tube et de profiter de cette notoriété pour tourner en club, vivant sur ce maigre acquis.
Les DJ's américains historiques comme Frankie Knuckles ou David Morales ont d'abord été des résidents reconnus dans leur fiefs avant de se voir proposer des tournées à travers le monde. C'est au mérite qu'ils ont acquis ce privilège.
D'autre part, alors que nous croulions sous les tubes dans les années 1988-1998, on traque aujourd'hui désespérément le titre qui vous embarquera à la première écoute.
Ce sont des dizaines d'heures d'écoute sur Traxsource, Decks ou bien sur les sites de podcasts que je dois réaliser chaque semaine pour découvrir quelques joyaux.
Ainsi, depuis le début de ce siècle, j'ai dû diversifier mes goûts, me tournant vers la variété française, la lounge, la pop-folk, la nu soul et le nu jazz afin de palier les insuffisances de cette musique fondatrice de ma culture.
Bien plus qu'une inspiration valétudinaire, je pense que l'interdiction des samples ou les épuisantes formalités juridiques afin d'obtenir l'autorisation de les utiliser ont grandement affecté le côté magique et spontané de la house music alors que ces mêmes samples furent à l'origine de son avènement.
Dernière preuve en date, l'ultime tube house de la décennie, le totalement fédérateur "Barbra Streisand" de DUCK SAUCE, est basé sur un sample de Boney M ("Gotta go home").
La house de qualité (souvent appelée "soulful house") existe pourtant bien, tout comme la progressive house, nouvelle appellation de la dance music, mais tels des orpailleurs, il faudra creuser pour dénicher ces pépites car les médias ne vous les livreront pas sur un plateau, le rock, le R'n'B et le rap français de bas étage ainsi que les "nanars" des années 80 encombrant les ondes et les chaînes de télé depuis bien longtemps.
Je crois que la house fut et restera une musique de marginaux, de doux rêveurs et d'alchimistes sans réel message et que c'est cela qui dérange. Les bidouilleurs de Detroit n'ont jamais convaincu l'Amérique.
Un mouvement culturel qui n'est dépositaire d'aucune cause, d'aucun combat, n'a pas voix au chapitre en France, pays des Droits de l'Homme qui se vante constamment d'avoir fait sa Révolution.
Nous prenons donc acte de ce choix arbitraire et retournons dans nos athanors respectifs pour échanger et transmettre nos émotions entre membres de la coterie.
Après tout, la marginalité est peut-être le gardien de l'authenticité.
Le disco est mort de sa démocratisation à outrance. Alors vivons heureux, vivons dans l'ombre.
Voici un set qui donne la part du roi à la house de Chicago, le mouvement musical qui donna l'impulsion avant que la techno existe.
1/ CE CE PENISTON "We got a love thang" (Silky House Thang) : assurément dans le Top 5 des remixes de Steve "Silk" Hurley !
Découverte alors qu'elle assurait des chœurs pour l'artiste Overweight Pooch ("I like it") et signée illico sur A&M Records, la Miss Black Arizona a pu s'offrir les services des maestros house comme Masters At Work et David Morales.
"We got a love thang" atteignit le 1ère place du US Dance Chart en février 1992.
On retrouve dans les chœurs Kim Sims, artiste produite par Steve Hurley.
2/ WAS (NOT WAS) feat. Kim Basinger "Shake your head" : tube emblématique de la Skyrock Max Party, le titre ne brilla pourtant pas en club malgré son refrain "happy" et l'excellent remix d'un Steve Silk Hurley décidément peu à l'honneur dans ce pays.
A noter en face B du maxi, un fantastique mix de "Listen like thieves" (reprise de INXS) par Danny Tenaglia.
3/ JAMIE PRINCIPLE "You're all i've waited for" : c'est en 1985 que Jamie Principle alias Byron Walton participe à la naissance de la house music avec le très "Bowie-style" "Your love", un titre supporté par son ami Frankie Knuckles, DJ du club Warehouse de Chicago, qui le mixait en superposant le fameux discours de Martin Luther King, "I have a dream".
En 1990, THE SOURCE reprendra d'ailleurs le gimmick de synthé pour un bootleg de "You got the love" de CANDI STATON.
"Baby wants to ride" fut un autre succès dans le registre acid-house.
Au début des années 90, sa collaboration avec Steve Hurley sera fructifiée par "Hot Body" (déjà présenté) et ce "You're all i waited for".
4/ JAMIE LORING "Love or infatuation" : dans le cadre de leur collaboration, Hurley et Principle produiront cette artiste dont ce single fut le seul titre remarquable, remixé ici par E-Smoove.
5/ MONIE LOVE "Born 2 B.R.E.E.D." : J'avais découvert Monie Love dans le Skydance avec "I can do this" (1988) puis le monumental "Grandpa's Party" (1989).
Son tube mainstream reste "It's a shame" (reprise des Detroit Spinners) en 1990, largement joué sur Skyrock.
"Born 2 B.R.E.E.D." est produit par Prince et excelle dans toutes ses versions, notamment le Born To Funk 12" Mix.
6/ HAPPY MONDAYS "Stinkin thinkin" : entendu dans le set de Maurice Joshua sur Skyrock !
Originaire de Manchester, le groupe Happy Mondays délivra une pop déjantée qui cristallisait des influences aussi diverses que la house ou le rock psychédélique des années 60.
Ce remix est réalisé par Farley & Heller à qui l'on doit le mémorable "Ultra Flava".
7/ THE S.O.U.L. S.Y.S.T.EM. "It's gonna be a lovely day" : cette reprise du tube de BILL WITHERS "Lovely day" (1977) est malmené de manière frénétique dans ce remix cultissime de Clivillés & Cole.
Tous les ingrédients d'une house rageuse sont réunis pour le bonheur des pieds et des oreilles dans ce Palladium House Mix I. Le double pack est de toute façon d'une urgence absolue.
La chanteuse est Michelle Visage, ex-membre du trio SEDUCTION qu'avait produit Clivillés et Cole à la fin des années 80.
On peut également l'entendre dans un style plus soft dans "Crash" de TKA (déjà présenté sur ce blog).
8/ LISA LISA & CULT JAM "Let the beat hit 'em" : en 1991, alors réalisateur de l'émission Top Dance, j'avais proposé à RLP de présenter ce maxi en nouveauté import.
Je lui proposais d'ailleurs chaque semaine une sélection de maxis que je me procurais au magasin Champs-Disques à Paris.
Il avait opté pour la version hip-hop (Brand New Super Pumped Up C&C Vocal Club Mix) qui le dispute en qualité à ces remixes house dont le gimmick vocal suit les pas du "Gypsy Woman" de Crystal Waters.
C'est l'un des nombreux disques imports que Skyrock a été la première radio nationale à présenter en access prime-time, contribuant largement à la popularisation de la house en France.
Merci à Tonton Pierre (Bellanger) pour la précieuse liberté qu'il a accordée à ses animateurs du week-end.
9/ SUZANNE VEGA "Blood makes noise" : un maxi plutôt rare et une version house "supervisée" par Clivillés & Cole. Je suppose que, débordés, ils ont laissé le soin à l'un de leurs ingénieurs du son d'honorer la commande du label A&M car une artiste du calibre de Suzanne Vega, ça ne se refuse pas.
Un son brut et sec, des arrangements simples et efficaces, des samples de cuivres piqués sur "Strike it up" de BLACKBOX ... de la pure house underground.
10/ UNDERGROUND RESISTANCE "Living for the night" : Mad Mike Banks et sa bande délivre un brûlot rave underground avec DAVINA ("Don't you want it") aux vocaux.
11/ XPANSIONS "Move your body" : escale chez les Grands-Bretons avec l'un des hymnes des rave parties.
Il fut brièvement classé dans le Skyrock Top Dance sans pourtant convaincre les clubbers.
Le sample de voix répété en boucle ensorcelle pourtant le corps et l'esprit.
Ce Club Mix est le chef d'œuvre du producteur Richie Malone dont c'est le seul tube notoire.
12/ THE BREAK BOYS "My house is your house" : j'avais découvert le new-yorkais Frankie Bones en 1989 par ses séries de grooves techno, les "Bonesbreaks".
Au début de la décennie 90, le Royaume-Uni et ses raves parties lui firent les yeux doux et sa popularité grandit en conséquence.
Le sample est extrait du House-A-Pella de "My house" de NELSON "FFWD" CRUZ sorti en 1989 sur Minimal Records, le label d'Arthur Baker.
C'est un production de Tommy Musto qui fut un disciple de la techno avant d'être pacifié par la grâce du New Jersey garage.
13/ CAMEO "Money" : l'un des plus anciens groupes de funk se fait furiusement technoïser par le pionnier de Detroit, Kevin Saunderson.
Ce Reese Revamp Mix porte bien son nom puisque le verbe "revamp" signifie "remodeler" ou "réamenager", ce dont l'original avait grandement besoin !
La loop provient de "N.T." de KOOL & THE GANG mais le sample de voix enragé reste inconnu, sans doute pompé sur quelque disque de heavy metal. On l'entendra à nouveau sur "Disco Flash Mix" de THE DISCO FREAKS.
Quand à l'effet delay placé sur le gimmick de synthé, il impose une syncope hallucinogène. Le gimmick fut entièrement repris sur "Velocity funk" de E-Dancer (autre pseudo de Saunderson) en 1997.
14/ UNITY "Unity" : un disque merveilleux et énigmatique, mené à un train d'enfer et qui marche sur les traces du gimmick d'orgue de "Gypsy Woman".