Set non disponible
Je crois qu'avec le changement d'heure et la pleine lune, j'ai fait sauter le disjoncteur en m'attaquant à un set aux confins de la techno et de la trance.
Rassurez-vous, la lune n'a aucune influence sur le comportement, toutes ces croyances populaires étant véhiculées par les légendes (le loup-garou, les vampires...).
La lune influe sur les marées, c'est déjà pas si mal.
Les fidèles lecteurs pour qui "
house music is a spiritual thing, a body thing" vont être un peu déroutés par ce set très énervé. Il était l'occasion de délivrer un titre inédit, le 3e single de PUSSY, et de faire découvrir l'un des flops de notre catalogue de productions, flop toujours injustifié pour le producteur qui a façonné ce qu'il pense être un bon titre.
1/ THE O.T. QUARTET "Hold that sucker down" : en 1994, Rollo Armstrong, le grand-frère de la chanteuse DIDO, entamait une saga trance-house souvent élégiaque qui allait connaître un certain succès sur nos terres.
Après cette mise en bouche sous forme de one-shot, c'est avec les deux tubes successifs de FAITHLESS "Insomnia" et "Salva Mea" (1996) que Rollo lance la mode des pizzicati (son produit à partir de cordes de violons pincées) dans les gimmicks, imité par la suite par des artistes comme LA VACHE, DJ QUICKSILVER ou NATURAL BORN GROOVES.
Dans cette saga, à noter l'excellente adaptation de "All you need is love" des BEATLES avec "Love, love, here i come" sous le pseudo de ROLLO GOES MYSTIC.
2/ QUAZAR "Unity" : un groupe de techno batave assagi après des singles "rave" comme "The seven stars" (qui avait fait le bonheur de la radio MAXXIMUM).
3/ CORONA "Baby, baby" : à l'écoute du gimmick de Quazar, l'idée jaillit dans mon esprit. Fébrilement, je partis en quête du maxi du remix de "Baby, baby" de Corona par Dancing Divaz en priant pour que les tempos et la tonalité soient identiques, mon oreille ne me trahissant généralement pas.
Ce fut le cas, ce qui m'épargna ainsi le périlleux recours au timestretching.
C'est un pur moment de jouissance "mixienne".
4/ THE LISA MARIE EXPERIENCE "Do that to me" : une hardbag anglaise qui se paye le luxe d'un adlib "à la Michael Jackson" (ou "à la Manu Dibango" si l'on se place du côté de celui qui réclamait ses droits d'auteur).
Eh oui, les musiciens contemporains n'ont pas encore l'honneur d'être déclinés en adjectifs comme Baudelaire, Kafka, Homère ou Corneille et l'on doit encore se contenter d'utiliser l'expression "à la...".
Un jour peut-être pourrons nous parler d'un "un mix knucklien ou kevorkien", qui sait ?
En tous cas, ce remix déchaîné zone entre hard-house, tribal et trance. Un grand moment de l'histoire de la culture club !
5/ CAPPELLA "U got to let the music" (Pagany Tribalism Mix) : de tribal il s'agit dans ce remix païen du hit planétaire de CAPPELLA (si le remixer ne s'appelait pas Pagany, je n'aurais pas osé !)
Le sample de voix est emprunté à J.M. Silk ("Let the music take control" - 1987).
6/
CAPPELLA "U & me" : avec mon acolyte Cutmaster, nous avions égratigné gentiment ce remix dans notre émission
Hit des Clubs Skyrock revival, dénonçant la mauvaise habitude des remixers empressés d'éditer les samples de phrases pour qu'ils démarrent exactement sur la mesure...quitte à ce qu'ils gardent un fragment de syllabe du mot précédent ! (ici, cela donne "gyou and me").
En effet, lorsque l'on est soigneux, il est souvent nécessaire de placer le sample vocal de manière très fine avant le début exact de la mesure pour respecter le groove. Comme on ne peut pas quantiser à la chaîne un sample avancé de quelques dixièmes de seconde, un grand nombre de remixeurs "tranchent dans le lard" comme des charcutiers.
7/ D-MENTION "You're no good" : après plusieurs castings, Pascal Henninot et moi-même avions porté notre choix sur deux chanteuses pour débuter notre carrière dans l'eurodance.
Il y eu le concept CHERRY MOON avec d'abord le succès puis les tracas juridiques causés par la chanteuse, gâchant pour tout le monde l'opportunité d'une carrière internationale (puisque le 2e single venait d'être signé sur Sony Dance Pool Allemagne).
De manière plus discrète, il y eu D-MENTION sorti peu après sur le tout nouveau label MCA France dirigé par Christian de Tarlé, l'homme qui signa JORDY et remplit notablement les caisses de Sony Music.
La chanteuse est Sara Vahabi, une jeune et talentueuse suédoise dont nous gardons un excellent souvenir.
Plombé par une promo club défaillante, "You're no good" végéta quelques semaines, atteignant péniblement la 50e place du Top Dance, ce qui scella la fin de ce concept au grand désespoir de l'équipe.
Et pourtant, on m'en parle encore 17 ans après comme un grand disque d'eurodance à la mélodie imparable. La version mixée ici est la face B, totalement dub. La voix est bouclée et découpée dans le gate d'un compresseur dont l'ouverture est commandée par un "closed hit-hat" placé sur chaque 16ème de mesure.
A mon avis, le grand malheur de ce single est qu'il reprenait exactement la même idée de sample que "No Good" de PRODIGY. Une fois de plus, les deux idées sortant au même moment sur le marché, c'est le plus gros qui remporta la mise.
Nous avons été abonnés à ces mauvais concours de circonstance ("Gotta have it" de VANESSA PARADIS vs. PARIS RED et le remix trance de "Take it easy" de CHERRY MOON vs. "Amphetamine" de DRAX Ltd.) ce qui explique en partie pourquoi la team a lentement périclité avant le coup de grâce final de 1997.
J'ai choisi de jouer la version hardbag house pour ce set et je pense que peu de gens connaissent ce single.
8/ RENÉ & PERAN "Give it to me" : une house hollandaise sans fioritures, juste efficace avec son gimmick d'orgue et son sample répétitif. Ici aussi, l'arrangement fraye avec les pizzicati.
Un disque acheté à Disco Gallery, dans la vieille ville d'Ibiza en août 1996.
Happy Music l'avait sorti en France quelques semaines après.
9/ MARY KIANI "100%" : une version signée du roi de la handbag, le DJ qui mixe avec une caisse de bières sous la table, j'ai nommé Tall Paul. L'anglais est surtout célèbre pour son remix de "Let me show you" de CAMISRA qui reprend le gimmick d'orgue de "Make the world go round" de SANDY B mais il a commis bien d'autres remixes tonitruants tournant généralement au-delà de 135 bpm.
Le sample est pris sur le classique "Can you feel it" de CLS.
10/ PUSSY "Gonna make me feel" (Hardbag Mix) : en 1997, c'est un duo de producteurs au bord de la rupture qui se lance dans l'aventure du 3e single de PUSSY.
Le premier single "Suck my pussy" a été signé dans plusieurs pays européens et les ventes françaises ont atteint 50 000 ex. malgré la faillite du distributeur WMD quinze jours après la signature du titre chez Ramdam Factory.
Nous n'étions plus à un coup dur près puisqu'un étrange cover par Latino Inferno avait surgi de terre de manière concomitante sur More Vinyl.
Il est des hasards bien curieux et tous ces souvenirs amers ne font que renforcer le dégoût que m'inspire le milieu du show-biz, ses escrocs et ses mauvais coups.
Très trance, plutôt complaisante avec ses gimmicks techno un peu putassiers et son break à base de pizzicati (encore eux), la version originale de "Gonna make me feel" n'est certes pas le chef d'œuvre de l'année. Elle sort en white label et la promo club de l'époque parvient à la hisser à la 5e place du Hit des Clubs Skyrock.
Le mix deep-house de la face B (Light In Dub Mix), plus en phase avec nos références, a l'honneur d'être joué par MC Adrian sur l'antenne de FG.
Nous avions osé ce type de promotion en faisant fi de toute démarche de label, l'exercice devenant de plus en plus laborieux.
En effet, le diktat des quotas de variété française ayant faussé la donne et les médias ayant globalement décidé de boycotter la dance au profit du rap, signer un disque d'eurobeat en anglais était devenu le parcours du combattant.
15 jours après l'envoi du premier vinyle, nous avions programmé un second envoi de remixes afin d'asseoir cette flatteuse position au classement. La version jouée dans ce set en est la face A, la face B (Light In Mix), étant peu glorieuse car très inspirée de "Gotta have hope" de Blackout.
Alors que nous pensions avoir fait le plus dur, la promo nous annonça qu'aucun label ne s'était porté acquéreur sous l'argument spécieux que "puisque le titre était déjà monté en white label, il était désormais trop tard pour fructifier l'opération par une signature et une commercialisation".
Alors que dans n'importe quel pays du monde, cette initiative des producteurs aurait été jugée comme une aubaine, les labels français, vexés d'observer ce qu'ils estimaient représenter une sorte de tentative de rébellion contre l'ordre établi, finirent par nous mettre sous l'éteignoir.
Finalement, je me réjouis qu'internet et ses "pure players", les labels communautaires et des distributeurs numériques comme Believe, aient mis un grand coup de pied dans cette petite fourmilière qui faisait la pluie et le beau temps.
Les radios et les maisons de disque sont toujours aux ordres du Top 40 européen (on ne joue et signe que ce qui a déjà fonctionné ailleurs), mais au moins, chaque producteur possède désormais une chance d'exister et d'accéder à la notoriété.
Pour en revenir à ce remix hardbag (conçu sous l'influence de nos soirées passées dans les clubs londoniens), je pense qu'il aurait mérité une carrière au moins anglaise et des DJ's comme Tall Paul l'auraient sans doute joué sans retenue.
Sauf avis contraire, il reste le seul disque de "handbag house" produit en France.
A vous de juger.
11/ YVES DERUYTER "The rebel" : en 1997, c'est mon ami Croustibat, aujourd'hui sur Contact FM et que je salue au passage, qui m'avait alerté sur ce disque qui faisait des ravages dans le nord de la France et dans sa Belgique natale.
Outre le gimmick de synthé au son et aux effets parfaitement programmés, c'est sa rythmique impitoyable et les samples de Public Enemy ("Rebel without a pause") qui parachèvent ce qui ressemble à un chef d'œuvre.
Final 100% trance allemande.
12/ GOD'S GROOVE "Prayer seven" : l'exceptionnel "Back to nature" avait servi de "bed" à mes interventions de l'époque Top Dance. Un an plus tôt, ces producteurs allemands avaient annoncé la couleur avec ce "Prayer seven" dont cette version flirte avec la trance goa.
13/ THK "France" : bien que signé sur l'historique label progressif anglais WARP (Speedy J, Nightmares On Wax, LFO, Aphex Twin...), ce titre est l'œuvre de l'allemand Thomas Kukula que l'on retrouve derrière le projet GENERAL BASE avec ses tubes "Base of love" (remember le Damage Control Remix joué dans le Hit des Clubs Skyrock ! ) et "Poison".