vendredi 26 juin 2009

N° 24 : Mixing the decades (Full Intention, Inner Life, Jazzy Dee, MFSB, Morales mixes, Freemasons...)

Set non disponible




Un set qui parcourt 3 décennies de musique club au travers de titres originaux ou samplés et de nouveautés.

1/ ULTRA NATE "Free" : l'original a été ultra-rabâché, il n'était pas question de le présenter dans ce set. Je me suis intéressé au mix des anglais de FULL INTENTION, spécialistes du mélange des décennies avec leur premier concept, HUSTLERS CONVENTION. Ultra Naté, chanteuse originaire de Baltimore (USA), connut quelques succès mineurs (Rejoicing, Deeper Love, Joy). En 1995, la base instrumentale du Fire Island Mix de son single How long inspira largement ses créateurs, Farley & Heller, pour réaliser leur fameux Ultra Flava. Puis vint cet énorme cross-over radio de l'année 1997, fruit de l'expertise des Mood II Swing. En France, c'est Happy Music qui rafla la mise. Les follow-ups de ce single retentissant furent plutôt décevants (Found a cure, Pressure et dans une moindre mesure New kind of Medicine) et ULTRA NATE disparut...doucement.

2/ FREEMASONS "Watchin'" : La voix exceptionnelle d'Amanda Wilson et la mélodie irréprochable font de ce titre un "must" incontournable ! C'est le follow-up réussi de Love on your mind. A noter en 2008 sa reprise intéressante du Disco's Revenge de GUSTO, lui même inspiré du Groovin' you de HARVEY MASON (1979).
J'en fait un mash-up avec l'accapella du Jingo de CANDIDO (1979).

3/ CAPRICCIO "Everybody get up" : reprise du classique funky de JAZZY DEE (Get on up-1983), le mix de Jazz-n-Groove est construit sur la base instrumentale de K-Jee de MFSB (1975), une fois de plus !!! Je ne sais pas s'il y a eu gimmick plus samplé que celui-ci.

4/ MARY J BLIGE "Be without you" : remarquable mutation house d'un titre R'n'B par le duo londonien Bobby Blanco et Mike Moto. Petit mash-up avec l'accapella de Bad Habit de ONEPHATDEEVA

5/, 6/ et 7/ "Ain't no mountain high enough" : 3 variations autour du titre composé par Ashford & Simpson. Avec "You are somebody", FULL INTENTION reprend le riff de violons de l'original et fait rechanter le refrain du I am Somebody de GLENN JONES (1983).

INNER LIFE "Ain't no mountain high enough" (The Garage Version) : c'est la version mythique sortie en 1981. Le break au clavecin et le lent retour de toutes les pistes vers l'apothéose finale resteront gravés à jamais dans les souvenirs de mes soirées Palace. Le DJ éteignait alors l'ensemble des spots, plongeant la piste dans une pénombre totalement envoûtante, chacun redécouvrant son espace grâce à une puissante lumière noire. Pour l'anecdote, j'avais acheté un premier vynil (pourtant estampillé Salsoul) de ce titre à Champs-Disques et, comble de l'horreur, ce fameux break avait été supprimé !!!
J'étais retourné furieux au magasin la semaine suivante afin de réclamer la version mixée par Larry Levan et entendue au Palace. Le vendeur n'a jamais compris l'intérêt que je portait à ce détail de break (alors qu'il représentait le point culminant du mix) et m'a fait l'échange en râlant. Il faut dire que ce vendeur américain était particulièrement antipathique et qu'il n'avait rien à faire derrière un comptoir. C'est vraiment parce que Champs-Disques était incontournable que le patron pouvait se permettre de garder un employé capable d'envoyer promener des clients fidèles et plutôt généreux dans leurs achats.

JOCELYN BROWN "Ain't no mountain high enough" : cette reprise par la "lead singer" originale du groupe INNER LIFE est produite par David Morales (1998).

8/ SEX-O-SONIQUE "I thought it was you" : le sample provient du titre de HERBIE HANCOCK (1978) et l'on retrouve encore ces satanés FULL INTENTION derrière ce "one shot".

9/ DADDY'S FAVOURITE "I feel good things for you" : le remix d'Alan Braxe utilise notamment un bout de sample (les cuivres + "i'm the one !") de I'll do anything for you de DENROY MORGAN (1981), un classique du Patch Club, mais le sample vocal principal ne semble pas avoir été identifié pour l"instant par les spécialistes house sur la Toile.
Concernant la loop, elle provient du break de "Wikka Wrap" de THE EVASIONS.

10/ BARBARA TUCKER "Everybody dance (The horn song)" : cette version plutôt classe a été réalisée par Club Asylum, deux obscurs anglais qui ont sorti en 2001 un remix assez contestable du Street Life des CRUSADERS sous le pseudo de STREET A.

11/ PHOTEK "Mine to give" : 2000, année du dernier grand remix de David Morales ?? on a l'impression que les pistes utilisées pour sa version de Discotheque de U2 sont restées en place sur la table de mixage depuis 1997. L'ambiance est absolument magique, comme d'habitude. Vite Dave, revient à tes premières amours !

12/ U2 "Discothèque" : un Def Mix assez testamentaire du Boss... de quoi alimenter la Fontaine des Regrets. La voix de Bono est portée par des nappes et des accords majestueux et le final à la flute nous embarque définitivement. Une basse qui sort du mix, un subtil mélange de hard house et de early garage "à la Whistle Song"... du grand art. Et merci à Bono pour son ouverture d'esprit.

vendredi 19 juin 2009

N° 23 : De Carey's Touch (Mousse T., Love to Infinity, Lisa Stansfield, Gospel)

Set non disponible



En avant-propos, je précise que je n'ai rien à voir avec le DJ Bertrand alias Bertrand Marcilhacy qui a officié à la Techno Parade de 1998. Il y a méprise sur quelques sites ou forums.
Malheureusement, les deux pseudos cohabitent sur le web alors que nous sommes issus d'univers complètement différents. J'ai pu rectifier les infos sur Discogs mais je lis encore des messages qui glorifient ma prestation imaginaire à cette fameuse parade.


Ce set inaugure l'introduction de mes productions inédites. J'en ai quelques-unes à vous faire découvrir d'ici l'année prochaine. Mon pseudo de producteur, B. de Carey, a été choisi lors de la sortie du remix du premier single d'Abyale, son producteur souhaitant (à juste titre) que je choisisse un nom qui sonne plus américain.
Par contre, à Skyrock, le Directeur des Programmes ne s'était pas embarrassé de fioritures et avait décidé qu'on m'appellerait simplement DJ Bertrand, mon vrai prénom.


1/ LISA STANSFIELD "Set your loving free" : subjugué par le tour de passe-passe de Maurice Joshua sur Set your loving free dans son set mythique pour la Max Party, j'avais ré-édité le titre de Lisa Stansfield, ne gardant que les passages les plus grandioses. Ce remix est pour moi l'un des 10 meilleurs des Masters at Work.

2/ LITTLE LOUIE & MARC ANTHONY "Ride on the rhythm" : un titre de 1991 qui réunit une belle brochette de killers (Doug Lazy au rap, les Basement Boys au piano, Marc Anthony aux vocaux, les Masters at Work + Todd Terry au mix). Marc Anthony, porto-ricain d'origine, bifurquera bientôt vers la salsa où il caressera enfin les trompettes de la renommée avant d'épouser Jennifer Lopez en 2004.

Un set qui réservera la part belle à Mousse T., un producteur allemand qui réussit l'alliage entre funk et house.

3/ RANDY CRAWFORD "Give me the night" : cette année 1995 marque l'avènement ultra-rapide de Mousse T. grâce à une série de tubes planétaires : RUFFNECK Everybody be somebody - BOOOM! Keep pushing - QUINCY JONES Stomp et cette reprise de George Benson par l'ex-chanteuse du groupe THE CRUSADERS, Randy Crawford. La version Chill vaut aussi le détour. Sa performance vocale la plus remarquable reste le mythique Street Life, une mélodie caractérisée par des montées successives, sommets himalayens quasi-infranchissables. Vous ne risquez pas de l'entendre interprétée par une élève de la Star Academy, ça serait le dévissage assuré !

4/ SNAP "Mary had a little boy" : la "Midas Touch" de David Morales ! il transforme une gentillette chanson pop en une symphonie digne du Paradise Garage avec ce Maestro Mix à la dénomination tout à fait légitime. Eric Kupper parachève l'œuvre grâce à un jeu de piano flamboyant. Avec Satoshi Tomiie, il est pour beaucoup dans le succès des remixes estampillés Def Mix Productions car Knuckles et Morales n'auraient jamais pu mettre la barre aussi haute, n'étant pas des musiciens de formation. Comme toujours, seules les équipes sont gagnantes dans la musique. Si des aventuriers solitaires réussissent, on peut alors les qualifier de génies. Il y en a eu, peu. Stevie Wonder et Prince sont de ceux-là.

5/ SATOSHI TOMIIE "And i loved you" : l'une des 7 merveilles du monde garage ! Arnold Jarvis au chant, Satoshi Tomiie au piano, Knuckles au mix... laissez le charme agir.

6/ DAPHNE "When you love someone" : déjà programmé au mois de mars. Vous me pardonnerez ce doublon involontaire. Un vynil à l'ambiance jazz-lounge tout à fait délicieuse qui méritait de revenir sur mes platines.

7/ ANN NESBY "Can i get a witness" : un mix de Mousse T. de 1996 qui délaisse les claps des boîtes à rythme pour la douceur de la peau naturelle des snare drums. Seul le snap ou le rimshot arrivent à se faire discrètement entendre en superposition. Cette marque de fabrique va progressivement séduire les remixeurs soulful de la planète entière. Le clap de la TR-909 est donc mis au rencard définitivement après une dizaine d'années de bons et loyaux services. Et Ann Nesby dans tout cela ? ça n'est autre que l'ex-chanteuse de SOUNDS OF BLACKNESS, véritable diva du gospel.

8/ BYRON STINGILY "Sing a song" : on ne quitte pas l'univers de Mousse T. Une ligne de basse roulante totalement inspirée du Dance, Dance, Dance du groupe CHIC, bel hommage. Byron Stingily est l'ex-lead vocal du groupe TEN CITY. Une voix de falsetto dans la lignée du grand Sylvester. Et Mousse T. se pose là en grand successeur de Steve Hurley dans le domaine de la happy house ; serait-ce le titre de la passation de pouvoir ?

9/ THE GOSPEL PROJECT feat. Sébastien "Le gospel est là" : juin 1998 ; le duo Henninot-De Carey est mort. Je me retrouve seul à produire ce premier single qui doit représenter une idée innovante dans le domaine de la dance music française. Charlie Idounda, éditeur chez Universal Music, est chaud bouillant et très impliqué dans le concept. Il nous a mis en contact avec un certain Obam, excellent coach vocal d'une chorale de la région parisienne et nous avons enregistré toutes les voix dans un grand studio de la Plaine Saint-Denis.
Mais voilà, lorsqu'il prend connaissance de la situation, l'enthousiasme des débuts s'effondre subitement. Ce De Carey va t-il réussir seul à finaliser le single ? Habitué à travailler en binôme depuis les débuts, je me pose la question. Idounda, lui, semble réellement perplexe et me le montre bien.
Je réalise plusieurs versions vocales et lui remet les bandes pour qu'il puisse démarcher les maisons de disque. Pendant ce temps, je décide de réaliser un dub à ma façon en utilisant une impro réalisée par l'un des chanteurs de la chorale, un certain Sébastien.
En effet, j'avais demandé à chaque membre d'improviser pendant 5 ou 6 minutes sur la maquette de l'instrumental original à l'issue de la session studio.
Et la voix de ce Sébastien de me scotcher totalement et de m'inspirer au plus haut point. Oui, je tiens là mon "Double Dee" ou mon "Joe Roberts" français et j'ai toute la matière pour réaliser un dub garage qui ressemblera à tout ce que j'aime dans la soulful house.

Hélas, avec un Charlie totalement démotivé, aucune signature n'interviendra et le projet mourra en l'état.
En juin 1999, près d'un an plus tard, coup de théâtre. Alors que j'ai tout laissé tomber et que je suis entré dans l'univers du web, Charlie m'appelle pour m'annoncer que Jane Fostin est intéressée pour reprendre le titre sur son album et qu'il serait souhaitable que je vende la bande afin qu'elle utilise les choeurs de la chorale gospel sur le mix.
Ainsi finit ce beau projet. Moyennant quelques milliers de francs, il se retrouva de manière totalement anonyme sur un album qui ne vendra finalement... que des clopinettes.

Reste ce dub que je vous présente ici sous le nom maladroit de THE GOSPEL PROJECT (à quoi bon donner un nom à un concept mort-né).

10/ JUDY CHEEKS "Just as long as you're good to me" : elle avait réalisé un top 10 en 1978 avec le titre Mellow lovin', tout ce que je déteste dans le disco, une sorte de "Abba-like", le talent en moins. En 1994, elle revient en force avec Reach (remixé par Brothers In Rhythm) puis, l'année suivante, avec Respect et ce titre Just as long as you're good to me produit par Love to Infinity.

11/ ADEVA "I thank you" : une double priority pour le duo de producteurs mancunéens. Excellente inspiration sur ce classique garage d'Adeva datant de 1989 et qui avait alimenté les grandes heures du Skydance.

12/ Autre figure de la "early house", YAZZ, chanteuse pour Coldcut (Doctor in the House) ou pour son propre groupe (Stand up for your love rights).
Le come-back en 1995 est fugace mais le talent de Roger S fait la différence sur ce mix de "Have Mercy".

vendredi 12 juin 2009

N° 21 : Paradisiacal Garage (Peter Rauhofer, Deep Dish, Def Mix productions, Basement Boys)

Set non disponible






1/ FRANKIE KNUCKLES presents SATOSHI TOMIIE "Tears" : c'est à ses débuts que la musique garage s'est montrée la plus aérienne. Dès 1989, la féerie déferle sur l'univers acide de la house : That's the way of the world de D-MOB, What about this love de Mr Fingers, bien sûr, mais aussi And i loved you et ce fabuleux Tears, deux titres se positionnant comme la rampe de lancement de la carrière du clavier Satoshi Tomiie. Le label français Barclay détenait ces pépites entres ses mains (via le label FFRR) mais hélas aucun chercheur d'or ne répondit à l'appel.

2/ DEEP DISH feat. Tracey Thorn "The Future of the future (Stay gold)" : ce titre, à l'origine instrumental, était troussé par un duo américain d'origine iranienne, Deep Dish (Ali "Dubfire" Shirazinia et Sharam Tayebi). En 1995, leur album-compilation Penetrate Deeper révèle cette deep-house subtile qui vient se poser comme un pétale dans l'univers du clubbing. Cela fait déjà 2 ans que, depuis leur fief de Washington, ils distillent des instrumentaux glamour qui allient rythmiques percutantes et ambiances vaporeuses.
1996 est l'année de la "consécration" en France puisque Max de Fun Radio joue ce Stay Gold dans son émission du soir ! Skyrock fait la sourde oreille.
Le succès restant modeste comme pour la plupart des instrumentaux, le titre ressort deux ans plus tard enjolivé par la voix de Tracey Thorn du groupe EVERYTHING BUT THE GIRL et donne l'impulsion nécessaire au lancement d'un album très ambitieux et éclectique, Junk Science. Le titre intègrera le Top 10 des charts anglais en septembre 1998.

3/ THOSE GUYS "Tonite" : un titre-fleuve de 11'15" présenté en nouveauté dans le Skyrock Top Dance en 1991 !! Derrière ces "guys" se cachent les Basement Boys. Ils samplent ici la fin de l'accapella de Mr Right par ELEANOR MILLS pour ce pur titre de New-Jersey garage. Le Shelter et le Zanzibar s'emparèrent immédiatement de ce titre. Quelques mois plus tard, ils réalisaient le tube parfait : Gypsy woman.

4/ MICHELLE AYERS "Respect" : signé en France chez Happy Music, le titre fut un flop monumental puisque les DJ's n'avaient rien capté de ce genre musical. Je pense que nous l'avons cependant présenté en nouveauté dans le Skyrock Top Dance. J'en fait ici un super mash-up avec l'accapella de Same man par TILL WEST et de At night par SHAKEDOWN.

5/ JOE ROBERTS "Back in my life" : aurait-on affaire là à un classique panthéonisé de Morales ? Bien sûr que oui. Un grand oui, même ! Un vynil qui ne risque pas de finir dans l'armoire tellement l'alchimie est parfaite. Jamais un chanteur pop n'a bénéficié d'autant de soin et d'attentions dans la confection de ses remixes. Sans doute que cette voix est une source d'inspiration forte pour le remixeur qui a la charge d'en tirer la substantifique moelle.

6/ WATERGATE "Lonely winter" : voilà justement un titre emblématique du début de la carrière des Deep Dish. Je le mixe avec la voix de Kim Cooper tirée du So sexy de JAMIE LEWIS & DJ PIPPI.

7/ ROSIE GAINES "Closer than close" : l'un des rares titres garage (avec See the day de Ann Consuelo) signé pour la France par le label Scorpio, qui réalisait là un de ses meilleurs coups. Un titre à la mélodie nerveuse, ternaire à souhait et au final scatté. Au total, plus de 8 millions d'exemplaires vendus à travers le monde.

8/ SIMA "Give you myself" : découvert dans une version tordue dans l'un des sets réalisés par Eric Candy pour la Max Party en 1993. Ce Club Mix me paraît bien plus sexy pour les oreilles. Encore une production garage italienne bien léchée. Le label Airplay l'avait signé pour la France sans que le titre reçoive un accueil triomphal... mais vous deviez vous en douter !! Sima était également la voix du tube Sexitivity de M.C.J. sorti sur le même label en 1991 et que j'avais largement joué dans mes Skyrock Top Dance megamixes.

9/ 49ers "The Message" : un titre multi-remixé, notamment par les Masters at Work. Ce Gradualswingroundub Mix est flamboyant, complexe, encore une production garage italienne tout à fait remarquable. Chapeau bas, Mr Bortolotti !

10/ LOOP TRICK feat. Maria "Beat Freak" : sans doute d'origine japonaise, ce fut l'un des titres préférés de Dimitri dans ses NRJ megamixes - le pays ne lui était pas inconnu. Il atterrit, on ne sait comment, entre les mains expertes de Blaze mais je vous présente ici la version originale très easy listening. Mr Pompougnac aurait adoré programmer ça à l'Hotel Costes.

11/ LIL' LOUIS "Saved my life" : Manu Katché dirait "C'est du lourd !". Ce Vintage Mix fut très agaçant à enchaîner à cause de la manie des Masters at Work à varier le tempo à chaque mesure à l'époque.

12/ CLUB 69 "Let me be your underwear" : très joué dans la Skyrock Max Party. Un groupe au pseudo limite ringard mais un titre efficace destiné au public que l'on devine. C'est Peter Rauhofer, le producteur de Danube Dance, qui est derrière ce concept. Kim Cooper assure les vocaux avec le sex-appeal habituel. Le titre a relativement bien fonctionné dans les clubs français sans pour autant déchaîner les passions.

13/ Final évident avec le tube de ce producteur autrichien, DANUBE DANCE feat. Kim Cooper "Unique" : Max et moi s'étions emparés de ce titre pour notre émission et il fut réellement plébiscité par les DJ's français auquels, pour une fois, on peut adresser un satisfecit. Un véritable hymne "disco revival" avec une basse sourde au groove hypnotique.

lundi 1 juin 2009

N° 22 : Patch Club All-Stars (Stephanie Mills, Sharon Redd, Serge Ponsar, Steve Arrington...)


Set non disponible





L'heure est venue de rendre hommage à ce club, terreau de ma culture musicale.

Le Patch Club était situé sur les bords de Marne, à La Varenne Saint-Hilaire dans le Val de Marne.
Il est né avec la disco et a disparu avant l'émergence de la house music, en 1986.

Entreprise familiale tenue d'un main de fer, l'entrée au club se faisait généralement par cooptation et le filtrage était impitoyable. La tenue devait être soignée et le port de baskets était proscrit.

C'est sans nul doute la première discothèque française à avoir joué exclusivement des titres funk américains en import. Le fournisseur était le magasin Champs-Disques situé sur les Champs-Elysées.
Eddy, le patron, était un personnage haut en couleur, très marqué par le mode de vie américain et campé sur des convictions profondes en matière de musique. La légende veut que, devant l'insistance d'un vendeur à lui faire acheter le Rockcollection de Laurent Voulzy, il ait accepté pour casser immédiatement le vynil devant ses yeux médusés !!!

Le Patch Club refusa toujours de figurer dans les fichiers des promos clubs des maisons de disques, préférant cette totale liberté qui permet une audace absolue en matière de programmation. Il est clair que lorsque des titres disco-funk passaient dans le Hit des Clubs RTL de Bernard Schu, il y a belle lurette qu'on ne les jouait plus au Patch Club.

Le lieu exigu (environ 300 personnes maximum) permettait de trier sur le volet ces clients venant de toute la région parisienne pour entendre ce que personne ne jouait ailleurs.

Sanctuaire de l'authentique musique black, la clientèle y était pourtant exclusivement blanche. Je n'ai jamais connu que 2 blacks, clients familiers du boss, qui "faisaient le show" avec talent sur la piste tous les samedis. Ça n'est pas que cette communauté était exclue mais plutôt que le Patch était situé dans l'une des banlieues les plus chic de la région parisienne. Néanmoins, nos blacks français n'étaient, à l'évidence, pas concernés par cette vague disco-funk. D'origine africaine ou antillaise, ils n'avaient que faire d'une musique qu'ils n'avaient pas inventée, à laquelle ils ne pouvaient s'identifier.

Le Patch fut aussi le premier club à disposer d'un large écran vidéo, diffusant clips, documentaires et extraits de films durant la soirée. Combien de clips disco fabuleux étaient projetés en live durant les sets (je repense notamment au titre Let's (Rock'n Roll) du groupe Atlantic Starr).

Afin de surprendre la clientèle en permanence, la déco était remaniée tous les 15 jours.
Ultime singularité, A 5h du matin, un petit déjeuner était offert au bar pour les derniers fêtards.

Après avoir intégré modestement le staff en tant que DJ le dimanche soir, j'ai été choisi pour en devenir le DJ-résident de 1985 à 1986.
Malheureusement pour moi, le DJ précédent et ses goûts de chiottes (Jackie Quartz, Jeanne Mas...) avait fait fuir la clientèle historique, ne me laissant qu'un club exsangue, ringardisé, qui, mis en sommeil progressivement par ses créateurs pour des activités plus juteuses, connut donc une lente agonie, cette agonie pitoyable lorsqu'on a vécu les fastes et la gloire.

Voici un petit florilège des titres-phares sur lesquels le public a vibré ainsi que quelques oeuvres plus tardives.

1/ STEPHANIE MILLS "You can't run from my love" : 1979 fut l'année du grand démarrage avec "Whatcha gonna do with my lovin'" (repris 10 ans plus tard par Inner City) puis vint ce tube imparable, les deux titres étant l'oeuvre le duo James Mtume-Reggie Lucas.

2/ SHARON REDD "Can you handle it" : hommage à cette chanteuse disparue trop tôt avec la version originale. Il me paraît cependant assez indispensable de s'offrir une séance d'extase sur le dub de François K qui porte aux nues l'instrumental jazzy et cette furieuse guitare wah-wah qui s'imagine par moments entre les mains de George Benson. Si l'on devait symboliser la quintessence des arrangements du label Prelude, il pourrait bien être l'Elu. Ce fut l'un des hymnes de mes soirées Palace.

3/ CENTRAL LINE "Walking on sunshine" : cette version originale me parait supérieure à celle de Larry Levan qui, sans doute peu inspiré le jour du mix, enleva carrément les reverbs sur les pistes essentielles dont celles des voix !

4/ SERGE PONSAR "Out in the night" : une excellente production signée par le vétéran John Luongo que j'évoquerai dans un prochain article. Après ce "one shot" funky, Ponsar bifurqua vers le zouk. Il mourut prématurément au début des années 90.

5/ VESTA WILLIAMS "Once bitten twice shy" : une découverte du Skydance ! ancienne choriste, notamment de Chaka Khan, Vesta sort son premier album solo en 1986. Once bitten twice shy est un titre d'une puissance et d'une clarté extraordinaires ; il est mixé par Steve Hodge qui a travaillé sur des singles de Janet Jackson (Let's wait awhile, Control) ou Alexander O' Neal (Criticize).

6/ JOHNNY GILL "Rub you the right way" : en congé de son groupe, New Edition, il signe ici l'un des plus gros hits de sa carrière solo (1990), un titre martelé par RLP dans le Skydance. Son ancien collègue, Bobby Brown, qui avait quitté le groupe dès 1986, montra la voie avec ses tubes Don't be cruel, Every little step, On our own et My prerogative.

7/ JAMES BROWN "Static" : le décalage d'1/8ème de temps avec un mix en switch de deux titres identiques fut une révélation pour moi lorsque je l'entendis réalisé dans un Skydance megamix sur le Static de James Brown. Je rejoue avec délectation cette partition étrange pour ce set. C'est le rappeur E-Crof et ses scratches démoniaques qui ont la part belle dans ce mix d'anthologie, le Godfather of Soul étant réduit à un simple accessoire.

8/ et 9/ PRINCE "Get Off" (Urge Mix et Flutstramental) : deux mixes géniaux, fruits d'un Steve Silk Hurley touché par la grâce ; le premier, très swing et totalement jazz avec ses accords de piano contrariés ; le deuxième, plus house et binaire qui met en valeur la flûte traversière. Étrangement, ce Urge Mix est, en fait, son Houstyle Mix, mais Steve Hurley n'est pas crédité sur la pochette !! une grosse bavure ???

10/ CLIVE GRIFFIN "I'll be waiting" : une production Morales de 1991 avec des accords de piano qui rappellent le titre Human de Human League. Le petit gimmick de voix est aussi utilisé dans le Unfinished Sympathy de Massive Attack. Portée par un arrangement symphonique, cette voix très proche de celle de Rick Astley est calibrée pour le marché anglais.

11/ STEVE ARRINGTON "Feel so real" : Steve Arrington est un ancien membre du groupe funk, SLAVE. Progressivement investi dans une mission christique, il prit le virage gospel vers 1986. Ce morceau fut l'un des hymnes du Patch Club, le genre de titre festif "à la All night long" que l'on joue sans crainte à l'heure de pointe. C'est le follow-up d'un autre titre de la même veine, Dancing in the key of life (1985).

12/ DAYTON "The sound of music" : un titre curieusement ignoré par le Patch Club. Au début des années 80, face aux innombrables sorties de titres tous aussi fabuleux les uns que les autres et malgré les visites régulières au magasin Champs-Disques, il a pu arriver que le DJ laisse filer un ou deux joyaux. Les sans-fautes n'existent pas. DAYTON fut, comme ZAPP, SLAVE, LAKESIDE, DAZZ BAND et OHIO PLAYERS, l'un des nombreux groupes funk originaires de l'Ohio. Dayton est d'ailleurs le nom d'une ville de cet Etat.
Extrait de son 4ème album, Feel the music, le single The sound of music (et son intro vocodée) résonne comme le seul véritable hit du groupe.

13/ STEPHANIE MILLS "The medicine song" : énorme, énorme ! coup de chapeau à Mark Berry pour avoir réalisé un arrangement aussi impressionnant. Des toms qui martèlent, une ligne de synthé-basse carrément électro, les murs de l'ancien Patch Club en tremblent encore.

14/ BAR-KAYS "Sexomatic" : un titre qui marque la conversion définitive du funk aux boîtes à rythme. C'est encore cet incroyable Mark Berry que l'on retrouve à la production. J'avoue que le tournant métronomique et froid pris par le funk a marqué le début de mon désintérêt pour cette musique. Je me revois encore en 1986, errant dans les magasins de disques à la recherche de titres possédant encore un peu de groove. Cette année-là marqua donc la mort définitive de la musique club dans sa forme originelle, c'est à dire jouée par de vrais musiciens (batteur, bassiste, guitariste et éventuellemement section de cuivres). Mais, aux ordres de l'évolutionnisme darwinien, l'oreille finit par capituler et s'adapter. Et la house finit par déferler.

15/ ALISHA "Baby talk" : le tube retentissant Into the groove de Madonna (1985) enfanta de nombreux clônes dont ce Baby Talk produit par l'inévitable Mark Berry (il faudra que je lui réserve un article !) et remixé par Shep Pettibone. Je crois que la copie vaut largement "l'original", la mélodie pop et son refrain imparable diffusant leurs phéromones de séduction.

16/ BABYFACE "It's no crime" : cet "incontournable" de l'émission Skydance est l'oeuvre d'un des producteurs RnB les plus talentueux. Après avoir travaillé avec des artistes tels que Karyn White, Pebbles, Sheena Easton ou Bobby Brown, sa carrière solo débute véritablement en 1989 avec ce titre. Dès lors, les collaborations prestigieuses s'enchaîneront : Madonna (Take a bow), Whitney Houston (I'm Your Baby Tonight), Boyz II Men (I'll Make Love to You, End of the road), Toni Braxton (Breathe again) et Eric Clapton (Change the world).